Le 15 avril 2019, le président de la République, Emmanuel Macron, devait prendre la parole à la télévision pour exercer un « devoir de suite » après avoir organisé le grand débat national. Malheureusement, l’incendie de la cathédrale Notre-Dame a empêché ce moment-clé d’avoir lieu et éloigné la promesse présidentielle de rendre publics les cahiers de doléances. Cinq ans plus tard, où en sommes-nous ?

Notre-Dame est sur le point de retrouver son lustre d’antan, mais les doléances des Français, qui sont aussi un « trésor national », n’ont toujours pas fait l’objet d’une grande restitution nationale. Pourtant, se rendre dans l’une des 101 archives départementales et plonger dans les cahiers de doléances de 2019 est une véritable cure de jouvence démocratique.

C’est tout un peuple qui s’exprime là : on y trouve des propositions sur la démocratie, la santé, les dépenses publiques, la transition écologique, mais aussi l’exigence d’en finir avec l’inégalité des salaires, l’aspiration à une fiscalité juste, des appels sensibles et sensés à des services publics qui redeviennent les garants de l’égalité et de la justice, des récits de vie poignants, des cris de détresse… C’est le témoignage d’un territoire vécu qu’il est urgent d’entendre sans attendre, puisque, d’une certaine manière, il constitue un « programme politique idéal pour les Français ».

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Aujourd’hui, l’accessibilité à ces doléances et aux idées qu’elles véhiculent n’est pas donnée aux femmes et aux hommes qui les ont rédigées. A l’ère du numérique, la médiation pour accéder à l’information et se l’approprier est un pilier fondamental de notre démocratie. Attachés aux valeurs de transparence et d’égalité d’accès aux archives publiques, qui sont nécessaires à la confiance entre les citoyens et les élus, mais aussi au devoir de redevabilité et de mémoire, nous plaidons pour la mise en ligne des doléances sur une plate-forme nationale. Une plate-forme numérique qui permette une lecture à l’échelle du pays, d’un département, ou même d’une commune.

Exploiter ce creuset démocratique

L’accessibilité de ce corpus n’est pas anecdotique. C’est la condition pour exploiter ce creuset démocratique fort de 19 899 cahiers citoyens contenant 217 910 contributions individuelles. Les doléances, ce sont aussi les 15 420 courriers et e-mails, autant de contributions individuelles déposées directement à l’Elysée ou à Matignon, mais également les comptes rendus des travaux locaux menés lors des 11 258 réunions d’initiative locale. Garantir l’accessibilité à ces milliers de contributions, c’est les reconnaître à leur juste valeur. C’est rendre sa dignité à la parole citoyenne.

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