A La Réunion, 30 % des espèces végétales indigènes étaient en danger en 2010, 41 % en 2023 ! La première menace reste la pression exercée par les espèces exotiques envahissantes introduites dans l’île par l’homme et disséminées par les animaux, le vent et les eaux de ruissellement. Celles-ci, explique Christophe Lavergne, responsable du pôle conservation de la flore et des habitats au Conservatoire botanique national de Mascarin (CBNM), concurrencent les espèces endémiques, empêchent leur développement, ainsi que leur régénération, et finissent par prendre leur place. Cet écologue botaniste raconte quelle stratégie de lutte est mise en œuvre pour sauver le patrimoine naturel de La Réunion où, sur 962 espèces indigènes recensées, seulement 24 % sont endémiques strictes de l’île.

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A La Réunion, il est fréquent d’entendre dire que la forêt va mal en raison de la progression constante des espèces exotiques envahissantes. Quel est votre constat ?

La Réunion conserve des restes de végétation peu perturbée et en bon état de conservation sur environ 45 % du territoire couvert en milieu naturel. C’est une chance. Le relief et l’inaccessibilité de certains endroits les ont protégés des défrichements, de l’agriculture et de l’urbanisation. Malgré cela, la menace est celle des invasions biologiques liées aux activités humaines à partir du XIXe siècle. Cela s’est amplifié avec la mondialisation et l’introduction d’espèces venues du monde entier.

Après quarante ans d’observations, mon constat est que ce phénomène a progressé. De beaux massifs de milieu naturel quasiment intacts sont grignotés à leur périphérie par le biais des sentiers ou des routes. Les invasions empruntent les voies de communication humaines. Nous recensons aujourd’hui plus d’une centaine d’espèces envahissantes qui ont un réel impact. Dans le top 3 : la liane papillon, le longose, le goyavier. La Réunion est une île océanique jeune. Ses milieux naturels ne sont pas aussi résistants que sur le continent. Il manque des composantes dans les écosystèmes.

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