Les Bodin’s se sont longuement confiés à Audrey Crespo-Mara dans « Sept à Huit », ce dimanche.
L’occasion pour Vincent Dubois (Maria Bodin) et Jean-Christian Fraiscinet (Christian Bodin) de se mettre à nu comme rarement.
Le fameux duo comique évoque notamment « la désertification des campagnes », un sujet qui les « touche beaucoup ».

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Sept à huit

C’est à visage découvert, c’est-à-dire en tant que Vincent Dubois et Jean-Christian Fraiscinet, sans costume ni maquillage, que les Bodin’s ont répondu aux questions d’Audrey Crespo-Mara ce dimanche sur TF1, dans le cadre du portrait de la semaine de « Sept à Huit », à retrouver dans la vidéo en tête de cet article. Pour le grand public, à la scène comme au cinéma, le premier interprète « Maria Bodin, cette vieille dame un peu raide, qui a la dent dure mais c’est ce qu’il faut devant le fils Bodin », Christian, que le second, qui l’incarne, décrit comme « le fils à sa maman, un peu naïf, qui ne rêve que de voler de ses propres ailes, sauf que sa mère le rattrape dès qu’il fait deux mètres en dehors de la maison, ce qui le rassure finalement ».

Vincent Dubois se grimant en Maria Bodin. – Capture d’écran TF1

Malgré l’immense engouement populaire suscité par ces personnages depuis dix ans, « on se sent plus comme des aides-soignants, en fin de compte, que comme des stars de l’humour », formule Vincent Dubois, ambulancier dans une ancienne vie, qui a justement trouvé l’idée de son personnage en prenant en charge, à l’époque, une certaine Maria Bonin, habitante d’un certain âge de son village de Touraine, qu’il a mixée avec des traits de personnalité de sa propre grand-mère. Le fils naîtra, lui, en même temps que le duo qu’ils improviseront en se retrouvant par hasard ensemble sur scène, sans se connaître, lors d’un festival de théâtre en 1992. Le début d’une longue histoire d’amour. « En trente ans, on ne s’est jamais engueulés une seule fois avec Vincent », assure Jean-Christian Fraiscinet, qui vit, lui aussi, toujours dans son village natal, dans l’Indre.

Dans nos villages, on en connaît des couples mère-fils comme ça. C’est devenu une comédie pour nous mais ça peut aussi être très glauque et très dur

Vincent Dubois, alias Maria Bodin

« Nous, dans nos villages, on en connaît, des Bodin’s, des couples mère-fils comme ça. C’est devenu une comédie pour nous mais ça peut aussi être très glauque et très dur », reprend Vincent Dubois, qui ne s’interdit jamais quelques allusions à l’actualité pour faire évoluer leur spectacle historique, comme quand Maria Bodin qualifie Emmanuel Macron d’« Efferalgan, parce qu’il se dissout tout seul (rires) ». Tous deux se revendiquent de l’héritage d’Audiard, mais aussi du tandem de Funès-Bourvil, « avec un bourreau et une victime, d’autant qu’il y a dans le fils Bodin la naïveté enfantine de Bourvil », précise Vincent Dubois.

Leur quatrième long métrage, Les Bodin’s partent en vrille, en salles le 19 mars, raconte l’histoire de deux petits producteurs de fromage de chèvre en lutte contre l’implantation d’une usine de l’industrie agro-alimentaire. « C’était important pour nous de parler de la désertification des campagnes, de l’industrialisation. La plupart de nos copains d’école sont des agriculteurs, des éleveurs, des paysans… Et on voit qu’ils peinent. On sent aussi leur désespoir ne pas être entendus. », souligne Vincent Dubois. « En trente ans, on a vu nos villages changer, les écoles et les commerces fermer, les médecins s’en aller. Quand on compare au temps de notre enfance, c’est dur. Vraiment, c’est un sujet qui nous touche beaucoup », insiste Jean-Christian Fraiscinet.

Jean-Christian Fraiscinet collant sa moustache de Christian Bodin.
Jean-Christian Fraiscinet collant sa moustache de Christian Bodin. – Capture d’écran TF1

Avec le succès, « on est un peu devenus les porte-paroles des petites gens de la campagne, qui travaillent, et on en est honorés », synthétise Vincent Dubois, tandis que pour Jean-Christian Fraiscinet, il s’agit d’exprimer « le vrai regard des vrais gens de nos vrais villages ». Sauf que désormais, la petite ferme de Descartes (Indre-et-Loire), qui servait initialement de décor aux premières représentations de leur spectacle devant 1.000 personnes, doit être démontée pour être transportée puis reconstituée dans des Zéniths remplis à ras bord à travers le pays, loin de l’artisanat des débuts. « Quand on part en tournée avec nos dix semi-remorques, alors qu’on jouait dans des salles des fêtes il y a trente ans, on a un peu l’impression d’être les Pink Floyd », se marre Vincent Dubois. « Avec des varices quand même. Bien que les Pink Floyd doivent aussi en avoir maintenant », rebondit malicieusement son acolyte, papa d’un fils Bodin « toujours célibataire à 50 ans et même certainement puceau ».


Hamza HIZZIR | Propos recueillis par Audrey Crespo-Mara

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