Trois ans après le début de la guerre en Ukraine, les combats se poursuivent.
Si le pays continue de tourner, c’est grâce aux femmes.
Elles sont notamment de plus en plus nombreuses à travailler dans les mines de charbon du Donbass, considérées comme un enjeu stratégique pour le pays.
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Ukraine : trois ans de guerre
Aux portes du Donbass, dans l’est de l’Ukraine, près de la ligne de front survolée fréquemment par l’armée, se trouve l’une des plus importantes mines de charbon de la région, sans laquelle il serait impossible de fournir du chauffage et de l’électricité.
Pour qu’elle continue à fonctionner alors que le pays résiste à l’invasion russe depuis février 2022, il a fallu embaucher des femmes pour remplacer des collègues hommes réquisitionnés sur le front : 125 précisément. Si avant la guerre, c’était impensable, elles descendent aujourd’hui comme les autres jusqu’à 400 mètres dans les entrailles de la mine. Si les conditions sont éprouvantes, et que par endroits le manque d’entretien est criant, l’urgence demeure la production.
« Avant, je travaillais dans un magasin de meubles, j’élève aussi trois enfants et maintenant, je continue à veiller sur eux en plus de la mine », témoigne dans le reportage en tête de cet article, Karina, une conductrice d’engin qui a reçu une formation accélérée de deux mois et demi, contre trois ans avant la guerre.
« On aide le pays à notre manière »
Alors qu’en Ukraine, les matières premières circulent dans des wagons même dans les zones bombardées, le travail de Tatiana Vertsanova consiste quant à lui à contrôler tous les trains de marchandises. La jeune femme qui remplace un collègue parti se battre sur le terrain, gère 13 personnes, uniquement des hommes. Son activité est elle aussi stratégique en temps de guerre.
« Les trains transportent de l’acier, du métal, ils servent à fabriquer des gilets pare-balles, mais aussi des abris de défense pour nos soldats et notre armée. Notre entreprise fait beaucoup pour notre patrie », explique-t-elle dans la vidéo ci-dessus.
L’Ukraine possède depuis très longtemps un puissant bassin sidérurgique, mais depuis la guerre, dans l’une des usines situées en plein cœur du pays, l’activité a été divisée par trois. Impossible cependant d’arrêter la fabrication d’acier, une arme économique fondamentale pour le pays qui finance l’effort de guerre.
Alors depuis trois ans, de plus en plus de femmes y travaillent, comme Olga, 39 ans. Elle pilote une grue et a rejoint son mari et son fils de 20 ans qui travaillent dans la même usine. « Nous toutes ici, nous sommes un maillon de la chaîne, une partie d’un grand mécanisme, on travaille, on aide le pays à notre manière », explique-t-elle. Le complexe a déjà été bombardé sans que la production ne soit stoppée, les machines participent à leur manière à la résistance. Toute l’ironie de la situation, c’est que l’acier fabriqué prend ensuite la direction de l’ouest de l’Europe. Certains de ces matériaux serviront ensuite à fabriquer de l’armement qui, peut-être, arrivera ensuite en Ukraine…