- Comme attendu, le FLNKS a annoncé rejeter « en bloc » l’accord de Bougival signé à la mi-juillet.
- Celui-ci prévoit notamment la création d’un « État de Nouvelle-Calédonie » et d’une nationalité calédonienne.
- Le ministre des Outre-Mer Manuel Valls va se rendre pour tenter de sauver l’accord.
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Un an après les émeutes, un accord historique sur l’avenir de la Nouvelle-Calédonie
Pas de surprise. Le Front de libération nationale kanak socialiste (FLNKS), principal mouvement indépendantiste de Nouvelle-Calédonie, a confirmé CE mercredi qu’il rejetait l’accord signé début juillet (nouvelle fenêtre)avec l’État et les non-indépendantistes. Le FLNKS « rejette formellement le projet d’accord de Bougival, en raison de son incompatibilité avec les fondements et acquis de notre lutte »
, a indiqué Dominique Fochi, secrétaire général de l’Union calédonienne et membre du bureau politique du FLNKS, lors d’une conférence de presse à Nouméa mercredi après que la décision a été prise lors d’un congrès extraordinaire du mouvement samedi.
Manuel Valls veut sauver l’accord
Signé le 12 juillet sous l’égide du ministre des Outre-mer Manuel Valls (nouvelle fenêtre), l’accord de Bougival prévoit notamment la création d’un « État de Nouvelle-Calédonie »
et d’une nationalité calédonienne, ainsi qu’une possibilité de transfert des compétences régaliennes (monnaie, justice, police). Mais il ne prévoit pas de nouveau référendum sur l’indépendance, suscitant une levée de boucliers chez les militants indépendantistes.
« Bougival est derrière nous »
, a affirmé Marie-Pierre Goyetche (Parti travailliste), également membre du bureau politique, « c’est un rejet en bloc, nous ne participerons pas au comité de rédaction »
proposé par le ministre des Outre-mer. « Nous lançons un appel pacifique à nos forces vives pour dire stop à l’Etat s’il entend passer en force »
, a ajouté Mme Goyetche. La mobilisation du camp indépendantiste contre ce projet avait dégénéré en émeutes le 13 mai 2024, entraînant des mois d’affrontements qui ont fait 14 morts et plusieurs milliards d’euros de dégâts.
Sans attendre l’officialisation de ce rejet, Manuel Valls avait annoncé dimanche dernier se rendre « la semaine du 18 août »
en Nouvelle-Calédonie pour tenter de sauver l’accord, qu’il présente comme « un compromis historique, fruit de mois de travail (…) avec toutes les délégations, y compris celle du FLNKS »
.
En visioconférence depuis Mulhouse (Haut-Rhin), où il a été incarcéré pendant près d’un an, le président du FLNKS, Christian Tein (nouvelle fenêtre), a dénoncé « un accord à marche forcée proposé par Macron »
. « On n’a pas tiré les leçons de ce que le pays a traversé. On ne peut pas construire un pays comme ça et nous mettre dans le corner. C’est humiliant pour le peuple kanak »
, a déploré le dirigeant, qui reste frappé par une interdiction de se rendre en Nouvelle-Calédonie.
Le FLNKS souhaite « ouvrir le dialogue »
pour la « signature d’un accord de Kanaky le 24 septembre 2025 »
, conduisant « à l’accession de la Nouvelle-Calédonie à la pleine souveraineté avant l’élection présidentielle de 2027 », a mis en avant M. Fochi.
Il a également insisté sur la tenue de discussions « sous la supervision »
de M. Tein. Libéré de prison le 13 juin, il reste mis en examen pour son rôle présumé dans les émeutes de l’an dernier. Le leader politique a toujours nié avoir appelé à la violence.
Malgré ce rejet, « le FLNKS rencontrera Manuel Valls »
lors de sa visite en Nouvelle-Calédonie, a assuré Sylvain Pabouty (Dynamik unitaire sud). « Nous en profiterons pour lui dire que nous voulons que les élections provinciales se tiennent en novembre prochain (…) pour connaître la réelle légitimité des uns et des autres. Nous restons ouverts à la discussion avec ceux qui seront légitimés par les urnes »
, a-t-il ajouté.