Rafael Grossi, directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), lors d’une réunion extraordinaire du Conseil des gouverneurs de l’AIEA au siège de l’agence, à Vienne, le 23 juin 2025.

L’Iran disposera des capacités techniques pour recommencer à enrichir de l’uranium d’ici « quelques mois », a déclaré le patron de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), Rafael Grossi, dans une interview à la chaîne américaine CBS qui sera diffusée dimanche 29 juin et enregistrée vendredi.

Près d’une semaine après les bombardements américains sur les sites nucléaires de Fordo, Natanz et Ispahan, tous s’accordent, même Téhéran, à dire que ces centrales ont été considérablement endommagées, mais des questions demeurent sur l’efficacité réelle de ces frappes. Le président américain, Donald Trump, a par exemple suggéré que le programme nucléaire iranien avait été retardé de « plusieurs décennies ».

« Il y a eu des dommages importants, mais pas complets. (…) Ils peuvent avoir (…), en quelques mois je dirais, des centrifugeuses en action pour produire de l’uranium enrichi », a affirmé M. Grossi dans l’interview.

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Inquiétude internationale

Autre enjeu clé : le sort des stocks de plus de 400 kg d’uranium enrichi à 60 %, qui pourraient servir en théorie à fabriquer plus de neuf bombes atomiques si le taux était porté à 90 %.

Dans une interview qui sera diffusée dimanche sur la chaîne américaine Fox News, dans le programme « Sunday Morning Futures », Donald Trump a lui assuré que les stocks d’uranium iraniens n’avaient pas été déplacés avant les frappes américaines.

« C’est une chose très difficile à faire et nous n’avons pas prévenu » avant de bombarder, a-t-il souligné, selon des extraits de l’interview. « Ils n’ont rien bougé. »

Les inspecteurs de l’AIEA n’ont pas vu ces réserves depuis le 10 juin, d’où les demandes de l’agence onusienne pour accéder aux sites et au stock iraniens. Or, le Parlement iranien a voté en faveur d’une suspension de la coopération avec l’AIEA et le Conseil des Gardiens, en charge d’examiner la législation en Iran, a approuvé jeudi le texte de loi, qui doit être transmis à la présidence pour sa ratification.

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« C’est leur loi, leur parlement, mais il y a ici des implications légales. Un traité international doit, bien entendu, avoir préséance. Vous ne pouvez pas invoquer une loi nationale pour ne pas respecter un traité international », a relevé M. Grossi. « Nous soutenons les efforts cruciaux de vérification et de surveillance de l’AIEA en Iran », a assuré, samedi 28 juin sur X, le secrétaire d’Etat américain, Marco Rubio. Il a également appelé l’Iran à « assurer la sûreté et la sécurité du personnel » de l’organisation.

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La diplomatie iranienne reproche à l’agence onusienne d’avoir adopté le 12 juin une résolution accusant l’Iran de non-respect de ses obligations nucléaires. Téhéran considère d’ailleurs que cette décision a servi d’« excuse » à Israël et aux Etats-Unis pour attaquer ses sites nucléaires.

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« Qui peut vraiment croire que ce conflit s’est produit à cause d’un rapport de l’AIEA ? Il n’y avait rien de nouveau dans ce rapport (…), il est peut-être facile de blâmer une organisation internationale ou un directeur général, je ne sais pas, mais ce n’est pas raisonnable », s’est défendu M. Grossi.

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Le Monde avec AFP

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