L’Autorité de sûreté nucléaire et de radioprotection (ASNR) a donné son accord, vendredi 12 décembre, à l’énergéticien EDF pour augmenter au-delà de 80 % la puissance du réacteur EPR de Flamanville, dans la Manche, ouvrant la voie à une exploitation à pleine puissance après des années d’attente.
Dans son communiqué, l’ASNR dit ne pas avoir « pas mis en évidence d’élément susceptible de remettre en cause la possibilité de poursuivre la montée en puissance » du très attendu réacteur Flamanville 3, qui avait atteint pour la première fois le seuil de 80 % de sa puissance mi-novembre avant de solliciter l’aval de l’ASNR pour atteindre le niveau maximum de puissance. EDF prévoyait d’atteindre 100 % de puissance « d’ici [à] la fin de l’automne ».
Cette autorisation du gendarme de la sûreté nucléaire « permet à EDF de poursuivre la montée en puissance du réacteur » jusqu’à la puissance maximale et de « terminer le programme d’essais de démarrage », déclare l’ASNR vendredi. « Les équipes de Flamanville 3 lancent les opérations de montée en puissance », a réagi vendredi EDF auprès de l’Agence France-Presse. « Les équipes sont mobilisées pour amener le réacteur à 100 % de puissance d’ici [à] la fin de l’automne », conformément aux annonces faites précédemment.
Puissance théorique pour deux millions de foyers
En novembre, l’énergéticien avait aussi annoncé une « visite complète » du site, impliquant l’arrêt complet du réacteur pendant trois cent cinquante jours à compter du 26 septembre 2026. A cette occasion, le couvercle de la cuve, concerné par des anomalies connues de longue date, sera remplacé, justement à la demande de l’ASNR.
Flamanville 3, premier réacteur nucléaire à démarrer depuis vingt-cinq ans en France, a été raccordé au réseau électrique le 21 décembre 2024, avec douze ans de retard par rapport à la date prévue. Ses coûts ont explosé par rapport au devis initial de 3,3 milliards d’euros, estimé désormais par la Cour des Comptes aux alentours de 23,7 milliards d’euros aux conditions de 2023.
L’EPR, construit face à la Manche au côté de deux autres réacteurs, est le plus puissant du parc nucléaire français et doit pouvoir alimenter deux millions de foyers. Mais sa puissance théorique, d’abord annoncée à 1 620 MW, reste à confirmer. Dans un rapport paru le 30 septembre, la Commission de régulation de l’énergie avait en effet révélé qu’EDF lui avait communiqué une hypothèse de puissance maximale de 1 585 MW. En novembre, EDF a précisé qu’il s’agissait du « bas de la fourchette », disant espérer atteindre les 1 620 MW. La puissance d’un réacteur, une donnée importante pour estimer sa capacité de production électrique, dépend de facteurs météorologiques influençant la température des eaux de refroidissement, mais aussi de réglages et d’optimisations.
