Est-ce une solution face à la crise du logement ?
De plus en plus de particuliers, mais aussi de bailleurs sociaux et de collectivités locales, parient sur les « tiny houses ».
Ces mini-maisons peu chères peuvent s’installer partout et représenter un bon compromis sur le marché de l’immobilier.
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LE WE 20H
De l’extérieur, elle paraît plutôt grande. Mais derrière la porte, c’est en fait une « mini-maison » de 18 m². Dans cette « tiny house », la chambre est à l’étage et le bureau dans la cuisine. Un mode de vie réduit au minimum, mais un choix pour Patricia Loiseau, qui a décidé de vendre sa maison familiale trop grande pour elle pour y vivre seule. Coût d’achat de sa maison modèle réduit : 55.000 euros.
« On abandonne toutes les contraintes de repassage, de ménage… On vit pour soi, raconte-t-elle dans le reportage en tête de cet article. Je suis bien dans le 18 m², j’ai tout ce qu’il me faut : se sentir bien chez soi ». Ce choix, Patricia n’est pas la seule à l’avoir fait ces dernières années : les tiny house ont le vent en poupe dans l’Hexagone.
C’est vraiment pour démarrer dans la vie active
C’est vraiment pour démarrer dans la vie active
En Vendée, un bailleur social a décidé de se lancer dans le marché pour pallier le manque de logements disponibles dans la région. Dans la commune de Dompierre-sur-Yon, il a installé trois min-maisons au milieu d’un lotissement. Jade Lecoeur habite l’une d’entre elles depuis trois mois. Avec les aides de l’État, elle paie un loyer de 167 euros par mois, charges compris, ce qui lui permet de vivre avec son salaire de fleuriste dans le village à 1300 euros par mois. Avec la tiny house, elle l’assure, les fins de mois sont moins difficiles, « c’est super bien », résume la jeune femme.
Pour créer ce mini-village, le bailleur social a investi 314.000 euros et le test va durer un an. Chacune de ses maisons est raccordée à l’eau, à l’électricité et possède sa propre adresse. Si l’affaire n’est pas vraiment rentable pour le moment, elle permet d’aider les jeunes travailleurs. « C’est un pied à l’étrier pour trouver des solutions après, dans le temps, de façon plus pérenne. Ce sont des tiny house qui font 18 m, ce n’est pas pour venir avec toute sa famille, c’est vraiment pour démarrer dans la vie active », détaille Françoise Raynaud, président d’Oryon à la Roche-sur-Yon (Vendée).
Six mois de travaux et 48.000 euros
D’autres communes ont décidé de miser sur ces petites maisons. C’est le cas de Pontarlier, dans le Doubs. Dix mini-maisons y ont été installées pour lutter contre les tarifs des locations bien trop élevés dans cette commune frontalière de la Suisse. Les bâtisses sont toutes fabriquées dans un hangar de la région nantaise pour 48.000 euros, le tout pour six semaines de chantier. Une aubaine pour les collectivités locales. « Ce qui les intéresse avec la tiny, c’est que ça va vite et que les coûts sont réduits, maîtrisés. En plus, c’est écologique puisque toutes nos tiny sont construites avec des matériaux biosourcés et ne viennent pas artificialiser les sols », assure Nathan Macé, dirigeant co-fondateur « Les p’tits pénates Nantes » en Loire-Atlantique.
Pas de fondation et aucune bétonisation, c’est ce qui a séduit Damien Auvignon, ostéopathe. Il a pu installer sa tiny house en quelques jours pour en faire son cabinet médical. Comme tous les professionnels, il a simplement demandé un permis de construire à la mairie. Les 18 m² suffisent pour accueillir ses patients. Et il a fait ses comptes, le crédit de cette acquisition lui coûte 350 euros par mois. Il n’y voit aujourd’hui que des avantages. « Le côté financier est intéressant, c’est sûr. Après, c’est pas non plus du simple au double. Le côté modulable, de me dire que si un jour, j’ai envie de changer de lieu, je peux, c’est ça qui était aussi intéressant », estime-t-il.
Local commercial, habitation principale et même sociale, le marché est en progression constante. Le nombre de tiny house construites a doublé en l’espace de trois ans. En France, il s’en vend actuellement près de 2500 chaque année.