María Branyas, ancienne personne la plus âgée du monde, est décédée le 20 août 2024 à l’âge de 117 ans.
Une équipe de l’Université de Barcelone a notamment étudié son ADN afin de déterminer les raisons de sa longévité.
Selon ces scientifiques, cette Espagnole possédait un « génome privilégié ».

« Je pense que la longévité est aussi une question de chance. » Interrogée en janvier 2023 (nouvelle fenêtre) par le site Internet de l’organisation Guinness World Records, María Branyas Morera, alors doyenne de l’humanité, évoquait les raisons de sa longévité. « La chance et une bonne génétique », ajoutait cette Espagnole, décédée le 20 août 2024 à l’âge de 117 ans. Des scientifiques ayant participé à la recherche la plus complète à ce jour sur les supercentenaires peuvent le confirmer : María Branyas possédait un « génome privilégié ».

Début mars 2025, le quotidien catalan Ara a été le premier à publier les résultats de cette étude. Comme le relate The Guardian (nouvelle fenêtre), cette étude du microbiome (l’ensemble des micro-organismes présents dans et sur le corps humain) et de l’ADN de María Branyas, commencée par des scientifiques d’une équipe de l’Université de Barcelone avant sa mort, révèle que les gènes de l’Espagnole permettaient à ses cellules de se sentir et de se comporter comme si elle avait 17 ans de moins qu’elle ne l’avait en réalité. Et le microbiote de María Branyas – qui désigne principalement les bactéries intestinales contribuant à la santé – ressemblait à celui d’un nourrisson, selon les recherches menées par Manel Esteller.

Ce professeur de génétique à l’Université de Barcelone, éminent spécialiste du vieillissement, s’était déjà dit très surpris de son bon état de santé, dans une interview publiée en octobre 2023 par le quotidien espagnol ABC. « Elle est complètement lucide. Elle se souvient avec une précision impressionnante de moments survenus quand elle n’avait que quatre ans et ne présente aucune maladie cardiovasculaire, ce qui est pourtant courant chez les personnes d’un âge avancé. Les seuls problèmes qu’elle a relèvent de la mobilité et de l’ouïe. C’est incroyable ! », s’enthousiasmait Manel Esteller. 

Des douleurs articulaires… et un Covid asymptomatique

Sa fille cadette, Rosa Moret, octogénaire, avait un jour expliqué que sa mère « n’avait jamais été à l’hôpital et n’avait jamais eu de fracture ». Les maladies auxquelles elle a dû faire face pendant ses longues années se limitaient en grande partie à des douleurs articulaires et à une perte auditive.

María Branyas avait attrapé le Covid-19 peu après avoir célébré ses 113 ans, mais, asymptomatique, elle s’était rétablie sans difficulté en quelques jours. Durant sa traversée du XXᵉ siècle, elle avait donc survécu à la pandémie de grippe de 1918 (connue sous le nom de « grippe espagnole »), ainsi qu’à deux guerres mondiales et à la Guerre civile espagnole.

Trois yaourts par jour

Les chercheurs ont constaté que María Branyas avait adopté un mode de vie sain qui lui permettait également de tirer parti de son patrimoine génétique unique. Elle suivait un régime méditerranéen comprenant trois yaourts par jour. Elle évitait de boire de l’alcool et de fumer, elle appréciait les promenades et elle s’entourait constamment de sa famille et de ses proches, ce qui l’a apparemment aidée à éviter les déclins physiques et mentaux qui auraient pu raccourcir sa vie, estiment les scientifiques. 

Interrogée par l’organisation Guinness sur les raisons de sa longévité, l’ancienne doyenne de l’humanité l’avait attribuée à « l’ordre, la tranquillité, de bonnes relations avec la famille et les amis, le contact avec la nature, la stabilité émotionnelle, pas de soucis, pas de regrets, beaucoup de positivité et le fait de rester loin des personnes toxiques. »

Avant sa mort, María Branyas vivait dans la maison de retraite de Santa Maria del Tura, à Olot, en Catalogne, depuis plus de vingt ans. Elle est née le 4 mars 1907 à San Francisco, dans l’ouest des États-Unis, où sa famille avait émigré de Catalogne, puis était revenue en Espagne en 1915. En 1931, elle avait épousé un médecin, qui est mort à 72 ans. Elle avait eu trois enfants, dont l’un est décédé à 86 ans, ainsi que 11 petits-enfants et de nombreux arrière-petits-enfants.

Surnommée « la grand-mère de la Catalogne »

À l’annonce de son décès, le président du gouvernement régional catalan, le socialiste Salvador Illa, avait rendu hommage à « la grand-mère de la Catalogne ». « Nous perdons une femme attachante, qui nous a montré la valeur de la vie et la sagesse des ans », avait-il déclaré sur X… Un réseau social où María Branyas possédait un compte, créé pour elle par sa famille. 

La personne la plus âgée du monde est actuellement la Brésilienne Inah Canabarro Lucas, 116 ans, selon le Groupe de recherche gérontologique des États-Unis (GRG) et LongeviQuest, une autorité en matière de supercentenaires. Née le 8 juin 1908 dans la ville de Saint-François d’Assise, dans le sud du pays, cette religieuse réside au siège de la Congrégation des Sœurs thérésiennes du Brésil, à Porto Alegre. En 2018, à près de 110 ans, Inah Canabarro Lucas a reçu la bénédiction apostolique du pape François, selon LongeviQuest.


Julien CHABROUT (avec AFP)

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