Le groupe Lactalis a annoncé mercredi 25 septembre qu’il allait réduire à partir de fin 2024 les volumes de lait collecté dans les fermes françaises à destination des marchés internationaux.
Dans les années à venir, plus de 500 producteurs français se retrouveront ainsi sans laiterie.
Une équipe de TF1 est allée à la rencontre des éleveurs concernés.

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Le monde agricole sous tension

« Ça fait mal ! », lance Jérôme Bossard, producteur de lait à Montaigu-Vendée (Vendée). Après 27 ans de collaboration avec Lactalis, il vient d’apprendre que les camions du géant mondial ne collecteront plus le lait de ses 80 vaches l’année prochaine. « L’an dernier, à peu près à la même époque , on nous avait dit ‘non, ne partez pas. Vous pourrez toujours compter sur Lactalis’. On peut dire qu’on est lâché », s’indigne le producteur, interrogé dans le reportage en tête de cet article. 

Avec ses vaches, Jérôme produit chaque jour près de 2000 litres de lait. D’ici à décembre 2025, il devra ainsi trouver une solution afin de continuer son activité. « Il faut que je cherche une autre laiterie. Et si je ne trouve pas, il faudra que je vende la boutique. Si je n’ai personne pour acheter mon lait, il faudra que je vende mes vaches », déplore le producteur. 

Comme Jérôme, plus de 500 producteurs français vont se retrouver sans laiterie dans les prochaines années. Lactalis a annoncé mercredi soir qu’il allait réduire à partir de fin 2024 les volumes de lait collecté dans les fermes françaises à destination des marchés internationaux, afin de se recentrer sur les produits vendus en France, mieux valorisés. À partir de fin 2024, le géant mondial du lait  réduira « de l’ordre de 450 millions de litres » sa collecte annuelle « de quelque 5,1 milliards de litres » de lait d’excédent auprès des éleveurs français, a indiqué le groupe dans un communiqué.

Patrice Remaud, producteur de lait à Coëx (Vendée) a quant à lui arrêté sa collaboration avec Lactalis il y a cinq ans. Préférant une structure locale, il a choisi une laiterie près de sa ferme. « Qui, aujourd’hui, a un marché pour pouvoir absorber les volumes de certaines exploitations ?« , s’interroge-t-il dans le reportage de TF1 ci-dessus. 

Réduction des volumes « progressive » entre 2024 et 2030

Afin d’amortir l’impact de cette décision « difficile » sur la taille des troupeaux de vaches à lait en France et donner du temps aux éleveurs pour s’organiser, le groupe s’engage à ce que la réduction des volumes « soit progressive entre 2024 et 2030 ». Concrètement, la première étape de réduction touchera surtout les zones est et sud Pays de Loire d’ici à 2026, ainsi qu’un contrat non renouvelé avec une coopérative à l’horizon 2030, précise le communiqué sans indiquer quelle sera la coopérative concernée.

Le groupe estime nécessaire « de se recentrer sur les produits de grande consommation français, mieux valorisés car moins sujets aux aléas des marchés mondiaux ». « C’est aujourd’hui une décision difficile pour nous qui étions toujours parvenus à collecter les surplus de lait en France et à les valoriser à l’international », ajoute Lactalis. 


M.T | Reportage : Nicolas Hesse, Julien Errard

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