Après les diverses intimidations subies, ces dernières semaines, sur leur lieu de travail et à leur domicile, les agents pénitentiaires demandent une meilleure protection.
Le 20 H de TF1 a recueilli les témoignages de gardiens de prison qui vivent la peur au ventre.
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Tirs, incendies… Attaques en série contre des prisons
Il est l’un des quelque 30.000 surveillants de prison en France. Alexandre ne souhaite pas montrer son visage à la caméra de TF1 pour des raisons de sécurité. La peur d’être reconnu par des détenus ou par leurs proches, une crainte qu’il dit être presque quotidienne dans sa vie personnelle, hors des murs de la prison. « On est obligés de faire attention à soi, on est obligés de faire attention à tout, regarder quand on sort du travail de ne pas être suivi, de ne pas se faire reconnaître, est-ce qu’il ne va pas nous arriver des bricoles, est-ce qu’on peut aller là-bas avec nos enfants, on se pose vraiment beaucoup de questions », détaille-t-il.
Beaucoup d’agents se disent soulagés par les arrestations ce matin des auteurs présumés des récentes attaques. Il n’empêche, tous alertent le ministre de la Justice, Gérald Darmanin, sur le besoin d’être mieux protégé. Principale requête, que leur nom de famille ne soit jamais rendu public, comme c’est encore parfois le cas. « On va trouver par exemple du stupéfiant dans une cellule, on va devoir faire un rapport. Le rapport va être fait, ça va passer en commission, l’avocat va se saisir du dossier, et l’avocat aura forcément notre nom et prénom », précise Alexandre. Interrogé hier au 20H de TF1, le garde des sceaux a justement annoncé l’anonymisation des agents pénitentiaires.
L’une des préoccupations des surveillants repose aussi sur l’ouverture prochaine de deux prisons de haute sécurité, à Condé-sur-Sarthe (Orne) et à Vendin-le-Vieil (Pas-de-Calais). C’est justement là que travaille David Lacroix. Lui aussi attend de Gérald Darmanin de limiter au maximum les contacts entre agents et proches de détenus qui seront des figures du trafic de stupéfiants, concrètement notamment sur le futur parking de la prison. « Cette partie-là sera destinée aux personnels pénitentiaires et aux agents qui travaillent à l’intérieur », montre-t-il dans la vidéo du 20H de TF1 visible en tête de cet article. « Comme vous le voyez, poursuit-il, c’est accessible très facilement avec une visibilité directe sur les plaques d’immatriculation des agents ». Car de nombreux surveillants ont désormais la même conviction, glaçante, celle que les narcotrafiquants et leur armée de petits soldats n’hésiteront plus à les tuer s’il le faut.