• Le monde du dating moderne est un véritable parcours du combattant.
  • Certains coachs en séduction proposent la technique du push and pull pour attirer l’être aimé ou convoité dans ses filets.
  • Problème : cette technique de manipulation crée un lien de dépendance en jouant sur les insécurités de l’autre.

Rencontrer le grand amour est une aspiration partagée par beaucoup de personnes. Les applications et les sites de dating ont permis d’agrandir les cercles et de faciliter les rencontres amoureuses. Ou du moins, l’illusion de la rencontre. La multiplication de ces plateformes a aussi fait naître une ribambelle d’attitudes malsaines et de techniques toxiques. Parmi ces stratégies, on retrouve le « push and pull », parfois proposé par les coachs en séduction. Une technique de calcul amoureux à la limite de la manipulation émotionnelle aux effets ravageurs.

Le chaud et le froid

Vous avez rencontré quelqu’un. Le courant est bien passé, il est présent, attentionné, à l’écoute. Puis, d’un coup, plus distant, coupe le son et l’image et revient comme si de rien n’était. Vous êtes peut-être victime du « push and pull ». « C’est une technique qui consiste à alterner proximité et distance, chaud et froid avec l’objectif de maintenir l’attention de l’autre tout en créant une tension émotionnelle« , nous explique la thérapeute conjugale et familiale, Anissa Ali, autrice du livre « Dating, la grande illusion ». Une technique de marketing que l’on retrouve dans le commerce et dans les jeux de pouvoir et qui se retrouve depuis quelques années dans le monde du dating, diffusée notamment par des coachs en séduction et autres coachs auto-proclamés sur les réseaux « comme étant la stratégie pour atteindre le graal et attirer l’être aimé dans ses filets« .

Le problème : c’est une technique de manipulation. Ici, on ne cherche pas à créer de lien amoureux sincère. Pourquoi ? « Dans le fond, on joue avec les insécurités de l’autre, on crée du manque, et on pousse l’autre à être dépendant de notre approbation, de notre présence et de nos réponses. C’est malsain« . Concrètement, l’autre va donner des nouvelles, être présent physiquement et émotionnellement et, d’un coup, se retirer dans le silence, créant le manque et l’incompréhension. « On peut même aller jusqu’à calculer le nombre d’heures ou de jours que l’on va mettre pour répondre, voir ses messages, réagir à ses storys. Au bout d’un moment, on se repointe comme si de rien n’était avec un comportement tout mielleux« .

Ce n’est pas une relation, mais un scénario

Le push and pull peut être dangereux pour la santé mentale, dans la mesure où il « active les systèmes d’attachement et encore plus quand on a des blessures émotionnelles qui ne sont pas résolues« , souligne Anissa Ali. Il réactive les sensations d’abandon, de rejet, d’instabilité vécues dans l’enfance ou dans les relations amoureuses passées. Ce push and pull agit « dans le cerveau comme une drogue émotionnelle. C’est ultra superficiel, car c’est un manque qui est créé stratégiquement et ce manque rend l’autre beaucoup plus désirable. La moindre validation, présence ou retour de l’autre devient euphorisante. C’est un mécanisme de dépendance, mais pas de lien ou d’attachement amoureux sain« .

En somme, c’est une fausse excitation relationnelle qui peut laisser des traces sur les autres relations, dans la mesure où certains apprennent à développer le début de relation de cette manière, mais ne parviennent jamais à passer le cap des premiers mois. Pour la thérapeute, « cette technique donne l’illusion du contrôle, mais la réalité, lorsque l’on rentre dans le jeu du calcul amoureux, on ne contrôle rien, on fuit ce qu’on est censé développer, à savoir le lien amoureux, les vulnérabilités, la curiosité, la spontanéité, toutes ces « notions » chiantes qui se développent sur le temps long. Ici, on ne construit pas une relation, mais un scénario ».

Par ailleurs, les personnes victimes de push and pull ou qui ont appliqué cette stratégie peuvent aussi subir des effets profonds sur l’estime de soi et la capacité à créer de vraies relations. « Pour moi, c’est destructeur à long terme et ça entretient l’anxiété relationnelle et puis ça fausse le radar affectif« . En effet, pour certains, il devient impossible de savoir ce qu’est une relation saine, authentique et sincère. D’autres vont devenir accro « aux turbulences et au drama » et beaucoup vont même finir par croire que « les relations saines sont ennuyeuses parce qu’ils ont été conditionnés au chaos, à la dépendance et aux fluctuations émotionnelles« . Pour s’en sortir, il y a un travail de démantèlement à faire en commençant par consulter un professionnel. « Deux ou trois séances peuvent suffire pour faire la lumière sur ce qui se joue sous nos yeux, sur ce qui est engagé, sur les maux ou sur les émotions« , explique Anissa Ali. Ce travail thérapeutique peut être salvateur dans la mesure où il permet de se regarder en face, de comprendre nos comportements et comment on entre en relation, mais aussi les « stratégies que l’on met en place » et les peurs qui se cachent derrière.

Sabine BOUCHOUL pour TF1 INFO

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