La condamnation d’un ancien chef d’Etat est un fait d’une force symbolique exceptionnelle, qui a peu de précédents en Europe. Elle suscite à la fois de la compassion pour Nicolas Sarkozy et de l’admiration pour une justice qui a su mener à son terme un procès hors du commun, largement exposé aux critiques et aux soupçons.

Voir aussi | Nicolas Sarkozy s’exprime après sa condamnation à cinq ans de prison

Sans se réjouir de cette condamnation, on ne peut qu’être heureux qu’un pays comme la France ait la dignité de traduire en justice et de condamner ses puissants, eux qui d’habitude se considèrent comme intouchables. Cette décision de justice bat en brèche l’opinion répandue selon laquelle la justice est généralement plus généreuse avec les élites qu’avec le commun des mortels. La liste récente de ce type de condamnations n’est pas longue, mais très parlante. En 2011, Jacques Chirac a été condamné à deux ans de prison avec sursis pour « détournement de fonds », « abus de confiance » et « prise illégale d’intérêts ».

En 2022, François Fillon a été condamné à quatre ans de prison, dont un ferme, ainsi qu’à dix ans d’inéligibilité dans l’affaire des emplois fictifs [Définitivement condamné à quatre ans de prison avec sursis, 375 000 euros d’amende et cinq ans d’inéligibilité, en juin, il a choisi de se pourvoir en cassation].

Le 31 mars, c’était au tour de Marine Le Pen d’être condamnée pour détournement de fonds publics européens et déclarée inéligible pour cinq ans. Tous ces exemples sont le fruit d’une justice indépendante, courageuse et libre, qui respecte le principe d’égalité avec une rigueur absolue.

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Condamnation de Marine Le Pen : l’exécution provisoire de l’inéligibilité, au nom du « risque de récidive » et de « trouble à l’ordre public »

Aucune de ces condamnations n’a donné lieu à des peines de prison ferme – quant à Nicolas Sarkozy, il s’agit encore de voir s’il sera effectivement incarcéré. De la part d’un observateur italien, de telles réserves sont inévitables : en Italie, s’il est très rare que les puissants soient condamnés, il est encore moins fréquent qu’ils séjournent en prison.

Il vous reste 57.9% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Partager
Exit mobile version