Le nombre de bennes de collecte de vêtements actives est en diminution en France.
En cause, le volume de vêtements donnés, devenu ingérable pour les associations de tri.
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Initiatives environnementales
Il vous est forcément arrivé de déposer un sac de vieux pantalons ou de t-shirts dans une des bennes de collecte de vêtements. Ces structures métalliques un brin austères font partie du paysage des villes et des villages depuis quarante ans. Mais voilà que beaucoup d’entre elles sont aujourd’hui condamnées, retournées contre le mur ou affichent un message demandant de reporter les dons. Par endroits, elles ont même été carrément désinstallées.
« Est-ce que c’est parce que les gens donnent moins ?« , s’interroge une piétonne de Saint-Yorre (Allier). Pas du tout, bien au contraire ! Les dons ont explosé et les associations en charge de ces bennes n’arrivent plus à gérer les quantités astronomiques de vêtements recueillis. « On n’est pas très loin du plafond », affirme Véronique Mouiller, directrice d’un centre de tri à Roanne (Loire) en contemplant les centaines de ballots entreposés dans son local, dans notre reportage à retrouver en haut de cet article. Un nombre spectaculaire d’habits récoltés dans un périmètre de 150 kilomètres en seulement trois semaines : du jamais vu dans le coin !
Un traitement qui peut coûter de l’argent aux associations
Comme partout en France, les dons ont augmenté de 15% depuis avril. Il a donc fallu ralentir les collectes par manque de place. Comment expliquer cet élan de générosité ? « On a accès à du vêtement pas très cher et on a le loisir de se dire qu’on ne va en porter un que trois ou six mois. Cela devient ce qu’on appelle la mode jetable », argumente la directrice du centre de tri de Roanne. Et c’est le cœur du problème. L’écrasante majorité de ces vêtements provient de marques de la fast fashion ou même de l’ultra fast fashion. Des enseignes qui fabriquent à bas coups en Asie et qui renouvellent en permanence leurs collections. Ces textiles sont donc peu valorisables, en particulier ceux en matière synthétique.
« On ne peut pas se permettre de le vendre dans notre friperie » peste ainsi David, encadrant technique du centre de tri de Roanne, en brandissant un chemisier fabriqué à 90% en polyester. « Huit fois sur dix, on a du synthétique », précise-t-il par ailleurs. Si les centres de collecte débordent, c’est enfin parce que le marché de l’export à l’étranger, notamment en Afrique, qui représente 53% de l’utilisation du volume de vêtements, est quasiment à l’arrêt. Les revendeurs locaux préfèrent désormais s’approvisionner en Chine à des prix imbattables.
Ce stock peut bien-sûr toujours être réutilisé. Quand les vêtements ne sont pas revendables en France, ils peuvent encore servir. Les articles en coton sont ainsi recyclés pour refaire du fil ou des chiffons tandis que les jeans sont transformés en isolant pour le bâtiment. Mais beaucoup de vêtements synthétiques finiront comme combustibles pour la cimenterie. Les traiter coûte même de l’argent aux associations : 300 euros la tonne. De quoi expliquer ce freinage des quatre fers sur les collectes et donc cette raréfaction des bennes.