« Avant, j’étais toujours dans un avion, se rappelle la mannequin grande taille Sané Lou. Là, j’ai passé l’année sur mon canapé. » Un retour des normes de maigreur dans l’industrie de la mode fragilise la place des modèles grande taille dans l’Hexagone. Comme nombre de ses collègues, Sané Lou est désormais en reconversion professionnelle. Celle qui a vu ses revenus liés au mannequinat divisé par dix en cinq ans a repris ses études, à 32 ans, et s’apprête à quitter le pays.
Les années 2010 ont vu les campagnes de mode diversifier leurs représentations, à mesure qu’essaimait le mouvement d’acceptation de tous les corps du « body positivisme ». Depuis, le vent a tourné. « Il y a eu un pic d’inclusivité dans la mode en 2019-2020 », décrypte Aude Perceval, chargée de recrutement à Plus, la principale agence de mannequinat grande taille en France. « Désormais, nos mannequins travaillent moins ; et elles ne font plus de luxe, mais plutôt de la fast-fashion ou de la beauté », regrette-t-elle, de son bureau donnant sur les toits de Paris.
Le médicament amaigrissant Ozempic et ses analogues (des antidiabétiques détournés en coupe-faim), testés par 12 % des Américains selon un sondage l’institut KFF, a contribué à ce changement d’ère. La situation économique fragile du prêt-à-porter et les mauvais chiffres du luxe à la suite de la pandémie de Covid-19 seraient aussi à l’origine du reflux : l’industrie considère le casting de modèles grande taille comme une prise de risque à éviter en temps de crise.
Résultat, les voyants de l’inclusivité sont au rouge. En 2020, 2,8 % des mannequins de la fashion week printemps-été étaient de taille non standard (38 et plus), contre seulement 0,8 % en 2025, selon le média en ligne Refinery29, qui se fonde sur la synthèse printemps-été 2025 de Vogue Business et sur le « rapport sur la diversité » printemps-été 2020 du site d’information en ligne The Fashion Spot pour établir ce constat.
Il vous reste 68.98% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.