Une proposition de loi transpartisane souhaite encadrer l’installation des médecins en fonction des besoins.
Un principe plus contraignant pour les soignants, et qui n’existe pas aujourd’hui dans l’Hexagone.
La pénurie de cabinets médicaux touche à présent 8 millions de Français et les mairies sont prêtes à tout pour attirer les praticiens.

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Le WE

Malgré les apparences, ce n’est pas en pleine campagne, que se déroule le reportage de TF1 ci-dessus, mais dans la banlieue lyonnaise. À seulement 20 km au sud-est du centre-ville, trouver un médecin est devenu mission impossible . « J’ai des soucis cardiaques, j’en ai besoin, eh bien, il n’y a personne », s’inquiète un habitant. « J’ai été obligé de trouver un autre médecin ici, et puis ma femme dans une autre commune », raconte un autre. 

En cause, le départ de quatre médecins de cette commune de 13.000 habitants, d’ici à la fin de l’année. Face à l’urgence, le maire (LR) de Mions (Rhône) a lancé un plan santé qui compte 25 mesures, pour attirer des professionnels de santé coûte que coûte. « Deux millions d’euros seront investis par la municipalité sur 10 ans », précisé Mickaël Paccaud au micro de TF1. Jusqu’à 13.000 euros de primes seraient notamment versés à un médecin qui viendrait s’installer. 

Charge de travail

Le cabinet médical fermera ses portes le 20 décembre prochain. Il y a quelques années, ils étaient cinq médecins ici. Aujourd’hui, les quatre qui restent dénoncent une charge de travail trop importante et préfèrent partir, eux aussi. « Ça fait deux ans qu’on cherche des médecins pour s’associer avec nous, ou même des remplaçants, et qu’on ne trouve plus personne. Donc les conditions de travail deviennent très, très compliquées », témoignent l’une d’entre eux, le docteur Silvia Goncalves-Tavan. 

Pourtant, selon l’agence régionale de santé, Myons ne manque pas de soignants. Avant cette vague de départ, l’ARS comptabilisait 11 médecins pour 13 000 habitants, ce qui est supérieur à la moyenne nationale. Mais tous ne travaillent pas à temps plein, ce qui fausse les Goncalves-Tavan. « L’ARS comptabilise les plaques, mais ne connaît pas du tout le rythme de travail des médecins. Moi, j’estime que sur la commune, on n’est que six temps pleins en fait », estime le docteur Thierry Favre.

C’est une catastrophe pour nous, il n’y a plus personne

Roger, 87 ans

Trois mille patients se retrouveront sans suivi médical à la fin de l’année. À 87 ans, Roger ne cache pas son inquiétude. « On se sent abandonnés », réagit-il au micro de TF1, « c’est une catastrophe pour nous, il n’y a plus personne ». Une des solutions envisagées passe par la téléconsultation. Des cabines équipées installées dans les pharmacies, comprenant des appareils de diagnostic, comme un oxymètre ou un thermomètre. Le bon moyen d’obtenir un diagnostic rapide avec un médecin en visioconférence, sans quitter sa commune, sans pour autant être une solution miracle. 

Maison de santé flambant neuve

Hors de question pour autant de faire une croix sur la médecine de proximité. Alors pour séduire de nouvelles recrues, le maire leur propose d’intégrer une maison de santé toute neuve, avec le moins de contraintes possibles. « Quitte à prendre en charge le loyer pendant un an, ça ne poserait pas de problème pour la ville », affirme-t-il, « un cabinet pour chacun, clé en main ». Les médecins retraités pourront, eux aussi, reprendre du service dans ce dispositif, avec équipements, charges et assurances, tous frais payés par la mairie.

Le projet de loi transpartisan présenté cette semaine prévoit de créer un indicateur plus pertinent pour mesurer les besoins des territoires en personnel soignant, à faciliter l’installation de médecins diplômés hors de l’Union européenne, et à « consolider les centres de santé », prenant acte que la médecine salariée « est de plus en plus prisée par les soignants ». Mais la mesure-phare du dispositif, inédite en France et déjà controversée, consiste à réguler l’installation des médecins en France, notamment par le biais d’une « autorisation d’installation ». Une mesure qui permettrait de dérouter des praticiens des régions les plus pourvues vers celles qui sont privées d’offre de soins.


La rédaction de TF1info | Reportage : Séverine Agi, Quentin Russell

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