• Le drapeau de Luffy, héros du manga One Piece, s’impose de plus en plus dans les rangs des manifestations.
  • Après l’Indonésie en août, il est apparu notamment à Madagascar.
  • En France aussi, la tête de mort coiffée d’un chapeau de paille s’invite dans les cortèges.

Du manga à la rue. Le drapeau pirate du héros de One Piece s’est, en quelques semaines, imposé comme un symbole pour une génération de jeunes manifestants : de Madagascar aux Philippines, la tête de mort coiffée d’un chapeau de paille est omniprésente.

D’abord brandie en Indonésie en août par des citoyens en signe de protestation contre le gouvernement, qui l’a menacée d’interdiction, le drapeau est ensuite apparu au Népal mi-septembre, puis à Manille. Depuis fin septembre, elle essaime dans des cortèges à Madagascar, notamment sous l’impulsion des réseaux sociaux. Et en particulier du compte Instagram « Gen Z Madagascar », qui mobilise cette génération née avec l’an 2000. 

Une dimension « universelle »

Pour Phedra Derycke, auteur de One Piece : Leçons de pouvoir, cette réappropriation du pavillon de Monkey D. Luffy, le jeune héros au chapeau de paille qui parcourt les mers du globe afin de devenir le « roi des pirates », s’explique par la dimension « universelle » de son périple. « C’est une série qui dure depuis plus d’une vingtaine d’années, vendue à des centaines de millions d’exemplaires dans le monde, et qui véhicule des idéaux de rêve, de liberté« , a expliqué à l’AFP l’expert.

Au gré de ses escales sur différentes îles – souvent inspirées de pays réels, comme l’Égypte, l’Espagne ou le Japon -, le personnage de Luffy s’oppose à des groupes dominants. Il devient ainsi malgré lui le héros de peuples opprimés, qui espèrent le voir mettre fin au règne cruel du gouvernement mondial. Les mobilisations actuelles de la jeunesse sont le miroir, selon l’expert, de certaines scènes de One Piece montrant des révoltes massives contre le pouvoir en place. La nature « dépolitisée » de cette tête de mort contribue aussi à sa reprise dans différentes régions du monde, y compris en France, où elle a été vue dans les manifestations contre le gouvernement depuis septembre.

Pour Elisabeth Soulié, anthropologue et autrice de La génération Z aux rayons X, la nature « émotionnelle » de ce symbole « unificateur » joue pour beaucoup dans sa réappropriation par une génération, impossible à comprendre sans la culture numérique qui « a construit son imaginaire« . « Cette image contient de l’affect, des émotions, et celles-ci circulent à travers des représentations qui permettent de se mobiliser« , souligne-t-elle auprès de l’AFP, en rappelant que la génération Z se mobilise autant en ligne que sur le terrain, de manière collective, sans leader spécifique.

T.G. avec AFP

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