Ils étaient douze hommes sur les premiers bancs de la salle d’audience du tribunal de Valenciennes (Nord), ce jeudi 25 avril. Douze hommes qui se confondaient avec le public venu assister aux débats. Douze hommes âgés de 25 à 65 ans, de physiques et de profils variés. Un boulanger, un banquier, un agriculteur, un ouvrier chez Renault, un autre chez Stellantis, un apprenti sommelier… Nés dans le Nord, dans l’Oise, dans l’Aisne, en Belgique, en Algérie ou encore au Venezuela. Ils ne se connaissent pas, mais tous connaissent Louise (son prénom a été modifié), 14 ans.

Tous sont poursuivis pour « sollicitation », « détention » et « acquisition » de l’image d’un mineur à caractère pornographique. Dix-huit mois de prison avec sursis ont été requis contre un des prévenus, poursuivi pour ces seuls faits. La procureure, Juliette Chopin, a requis deux ans de prison dont dix-huit mois avec sursis pour dix des onze autres prévenus pour « recours à la prostitution d’un mineur » et « atteinte sexuelle sur mineur », qu’elle a demandé de requalifier en « agression sexuelle sur mineur de 15 ans ». Elle a en outre requis dix-huit mois de prison avec sursis pour le dernier prévenu pour « recours à la prostitution d’un mineur ».

Le dossier a débuté en avril 2023, lorsqu’une enquête est ouverte à la suite de la fugue de Louise. L’adolescente est retrouvée chez l’un des prévenus dans le Pas-de-Calais. Grâce à l’exploitation du téléphone de la victime, les enquêteurs découvrent que l’adolescente entretenait des relations sexuelles, tarifées ou non, avec des adultes qu’elle rencontrait sur Snapchat ou sur Coco.fr (aujourd’hui Coco.gg, site de chat en ligne associé à plusieurs affaires judiciaires, dont le meurtre récent de Philippe Coopman à Grande-Synthe).

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En tout, des échanges avec cinquante-quatre comptes différents sont identifiés (pour seulement treize personnes jugées), sur une période allant d’octobre 2022 à avril 2023. Un autre prévenu a déjà été condamné en février à deux ans de prison dont dix-huit mois avec sursis pour « recours à la prostitution d’un mineur ».

Visage enfantin

Louise n’était pas à l’audience. Son visage enfantin avec ses lunettes rondes a tout de même été diffusé sur les écrans de la salle. Du haut de ses 14 ans, de son mètre soixante et de ses 49 kilos, la jeune fille ne comprend pas encore qu’elle est une victime dans cette affaire. « Elle veut montrer qu’elle est maître des choses, qu’elle a choisi ce qui lui est arrivé, pour éviter de s’effondrer, pour rester forte », témoigne son père à la barre.

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