
L’un des principaux trafiquants de stupéfiants français, Mohamed Djeha, disposait-il d’une taupe au sein de la police antidrogue à Marseille ? D’après plusieurs témoignages concordants et des éléments tirés d’une procédure judiciaire en cours, que Le Monde a pu consulter, l’Office antistupéfiants (Ofast) de Nanterre, qui en avait la conviction, a dissimulé cette information à son antenne marseillaise alors même que les deux services étaient engagés sur une opération commune visant à démanteler le réseau de la cité de la Castellane, fief du même Mohamed « Mimo » Djeha. Un énième rebondissement au cœur de l’opération « Trident », le dossier qui empoisonne les hautes sphères de la lutte antidrogue française.
Tout commence à la mi-mars 2023, lorsqu’un analyste du pôle renseignement de l’Ofast transmet à l’un de ses collègues marseillais un rapport de 29 pages, ultrasensible et théoriquement confidentiel. Le document est consacré à l’exploitation de la messagerie Exclu Messenger, une application cryptée fermée un mois et demi plus tôt après une vaste enquête internationale menée notamment en Belgique, en Allemagne et aux Pays-Bas. Le logiciel permettait d’échanger des messages dans le plus grand secret grâce à un protocole réputé inviolable.
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