Le 26 juillet au soir, pont de l’Alma, à Paris, le gratin des télécoms européens assiste à la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques. Christel Heydemann, la directrice générale d’Orange, l’opérateur officiel des Jeux olympiques (JO) de Paris, a invité les patrons de Deutsche Telekom, de l’espagnol Telefonica et des britanniques Vodafone et BT. Téléphone à la main, ils ne peuvent cacher un petit sourire en coin : le réseau mobile parviendra-t-il à absorber une affluence équivalente à celle de cinq stades de France ?

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Paris 2024 : les télécoms sous haute tension

Depuis, le sourire a gagné le visage de Mme Heydemann : car en plus de tenir bon ce soir-là, le réseau a aussi résisté, les jours suivants, aux records d’audience enregistrés pendant les épreuves, notamment lors des courses de Léon Marchand, suivies, en direct, par des millions de Français sur leurs téléphones mobiles. Le 2 août, pour la victoire du nageur toulousain dans le 200 m 4 nages, le trafic sur le réseau d’Orange a été flashé à 1,87 térabits par seconde, soit près de 500 heures de vidéo très haute définition partagées chaque seconde. Du jamais-vu.

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Pour les Jeux olympiques de Paris 2024, le pari risqué d’un seul opérateur de télécoms

« On s’était préparé depuis des mois, le réseau mobile avait été renforcé, mais on ne s’attendait pas à un tel trafic. Cela démontre toute la force de la technologie 5G qui, pour la première fois pour des Jeux olympiques, a été déployée à pleine puissance », explique Mme Heydemann au Monde. « On savait qu’on prenait un énorme risque », reconnaît-elle, Orange étant le seul opérateur officiel, là où il y en avait cinq à Tokyo en 2021, « mais on ne concevait pas de ne pas faire les Jeux olympiques de Paris. Et au final, le bilan est très bon ».

Plaider la cause des opérateurs

Orange n’en fait pas une affaire d’argent. Même si le groupe a été rémunéré par le comité d’organisation Paris 2024 pour ses prestations télécoms, un contrat olympique n’est pas rentable vu le prix du ticket de sponsoring, estimé à 100 millions d’euros. « Il y a des coûts et on verra si les Jeux apportent des revenus par la suite. C’est trop tôt pour faire ce bilan-là », relativise la directrice générale.

Les trois quarts des infrastructures télécoms installées spécialement pour les JO resteront en place, comme la 5G à la Marina de Marseille, ou pourront servir ailleurs, ce qui contribuera à amortir la charge financière et l’impact environnemental. Certains abonnés à qui Orange a offert l’accès à la 5G pendant la période olympique, pourraient être tentés de la conserver, moyennant une hausse de leurs forfaits.

La directrice générale d’Orange compte aussi profiter de la caisse de résonance des JO pour plaider la cause des opérateurs auprès des autorités de régulation, en particulier la Commission européenne, accusée de défendre le consommateur au détriment de la rentabilité du secteur : « La concurrence, le pouvoir d’achat, c’est bien. Mais il faut permettre les investissements dans les infrastructures numériques. Pour cela, les Jeux sont un bon moyen de marteler le message : si on a des infrastructures de bon niveau, on fait des choses extraordinaires ».

Il vous reste 39.37% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Partager
Exit mobile version