Deux ans après une première saison haletante, la série en immersion auprès des forces spéciales françaises en Irak poursuit son récit de manière toujours aussi percutante.
Les six nouveaux épisodes, mis en ligne ce vendredi 9 mai sur Prime Video, suivent la mission du groupe pour sauver sa camarade Sab des mains de l’organisation terroriste État islamique.
« Les otages essaient de se persuader qu’il est possible de s’en sortir », nous raconte Nina Meurisse, bouleversante de bout en bout.

Son rapt à la toute fin de la saison 1 a laissé plus d’un spectateur sur le carreau. Deux ans après, le sort de Sab est le moteur d’une saison 2 de Cœurs noirs peut-être plus intense que la précédente. Car plus personnelle encore. La série co-produite par Prime Video, de retour ce vendredi 9 mai, reprend là où elle nous avait laissés. La tireuse d’élite des forces spéciales françaises engagées dans le plus grand secret en Irak, à la veille de la bataille de Mossoul en octobre 2016, est désormais prisonnière de Daech.

Le compte à rebours est lancé pour l’équipe, qui n’a qu’une ambition, la libérer. « Ils ont l’impression d’avoir un peu merdé. C’est un échec qu’elle ait pu être kidnappée. Mon personnage met même sa paternité de côté pour remplir cette mission. Elle lui tient tellement à cœur qu’il ne peut pas penser à autre chose. C’est vraiment ce qui les anime cette saison : Sab, Sab, Sab », nous détaille Nicolas Duvauchelle, qui interprète Martin. Les six épisodes alternent entre les négociations chaotiques menées par un agent de la DGSE (le nouveau venu Patrick Mille) et la captivité brutale de la jeune femme.

Césarisée en février pour L’Histoire de Souleymane, Nina Meurisse livre une prestation qui a impressionné toute l’équipe de Cœurs noirs. Et nous avec. « C’est vrai qu’elle est exceptionnelle dans cette saison. C’est une grande actrice qui possède tout de suite son truc. Je n’ai pas besoin de faire 7, 8, 9, 10, 11 prises. Elle est tellement dedans immédiatement que c’est plié en une ou deux prises. Je ne fais que l’accompagner en tant que metteur en scène », souligne le réalisateur Frédéric Jardin (Engrenages, Totems), qui succède à Ziad Doueiri. Rien n’a été épargné à la comédienne, amenée à tourner avec un sac sur la tête lors d’une scène de torture.

La comédienne de 36 ans nous confesse ne pas avoir préparé ces séquences délicates. « J’aurais peut-être dû », sourit-elle, évoquant un tournage parfois « pénible ». Certaines scènes sont particulièrement difficiles à regarder, comme celle qui rejoue une exécution comme en faisait Daech. Les otages, vêtus de combinaisons oranges, sont alignés les uns à côté des autres en attendant la mort de la main de leur bourreau, un Français engagé avec l’EI. « C’est vrai qu’elle n’est pas évidente », reconnaît Frédéric Jardin, qui a « visionné de vraies scènes d’exécution » pour façonner la sienne.

C’est vrai que cette scène est très violente, mais il faut montrer aussi les horreurs de l’État islamique sans pour autant être voyeuriste ou complaisant

Frédéric Jardin, réalisateur

« Je voulais voir comment ces horribles images étaient filmées, comment elles étaient mises en scène. Parce que ces gens font de la mise en scène », insiste-t-il. Un angle déployé dans le film Rebel, des Belges Adil & Billal, qui s’intéressait principalement à la propagande de Daech vue de l’intérieur. « C’est vrai que cette scène est très violente, mais il faut montrer aussi les horreurs de l’État islamique sans pour autant être voyeuriste ou complaisant », poursuit-il. « C’est cet équilibre-là qu’il faut trouver tout le temps, en se posant les bonnes questions, avec les acteurs, les actrices et les techniciens, parce qu’une série est aussi un travail collectif. Tout le monde donne son avis et je tranche à la fin », ajoute-t-il.

Pour incarner au mieux la soif de survie de Sab, Nina Meurisse a longuement échangé avec un ex-otage. « Ce que je trouve vraiment passionnant, c’est de se dire que ce sont des gens qui essaient de se persuader qu’il est possible de s’en sortir, qu’il y a quand même des stratégies à mettre en place, qu’il y a une acuité à avoir en permanence pour essayer de comprendre où on est et ce qui est en train de se jouer », nous dit-elle. La solitude de son personnage a un peu été la sienne. 

Nina Meurisse est otage de Daech dans la saison 2 de « Coeurs noirs ». – Prime Video

La comédienne a été privée de ses camarades une bonne partie du tournage. La faute à des scènes où ils n’intervenaient pas, mais aussi à des questions de planning faisant qu’ils n’étaient pas au Maroc au même moment qu’elle. Alors Nina Meurisse a « presque eu l’impression de jouer dans une série différente » entre la saison 1 et la saison 2. « On n’était pas là mais on aurait adoré l’être, ne serait-ce que pour lui faire des blagues entre les prises ou pour lui apporter un café ou un truc comme ça. On a eu deux-trois jours en commun sur le tournage de la saison 2. Tu nous as un peu manqué », lui lance Jérémy Nadeau, qui joue Paco. « Mais moi, vous m’avez carrément manqué ! », réplique-t-elle.

« On se passait des messages grâce aux techniciens : ‘Tu leur diras bonjour !’. C’était assez chouette », glisse Nina Meurisse en souriant. Jérémy Nadeau n’a découvert la partition de sa collègue qu’au visionnage de la série. « Je connaissais les scènes dans leur globalité. Mais de voir Nina interpréter ça… Ça fait tellement vrai et tellement brut que moi, ça m’a un peu choqué. Mais tant mieux, ça veut dire que c’est réussi », réagit-il. On dirait même plus, extrêmement réussi.

>> Coeurs noirs – saison 1 et 2 disponibles sur Prime Video

Delphine DE FREITAS

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