Au Pakistan, 39 personnes sont mortes dans la nuit de dimanche à lundi dans des attaques revendiquées par l’Armée de libération du Baloutchistan.
Ce raid meurtrier est le plus important jamais mené par le groupe rebelle séparatiste, qui réclame une plus grande autonomie dans cette province du sud-ouest du pays.
Trente-neuf morts : c’est le lourd bilan d’attaques perpétrées dans le sud-ouest du Pakistan. Dans la nuit de dimanche à lundi, des séparatistes baloutches ont ciblé et tué des individus originaires du Penjab. L’armée pakistanaise a annoncé pour sa part la mort de dix soldats et quatre paramilitaires, sans préciser s’ils avaient été tués lors des attaques initiales ou lors des opérations qui ont suivi, affirmant dans un communiqué que 21 rebelles avaient été tués « dans des opérations de nettoyage ».
« Nous confirmons la mort de 39 personnes dans des attaques coordonnées par les terroristes de l’ALB (Armée de libération du Baloutchistan, ndlr) », a déclaré à l’AFP le porte-parole du gouvernement du Baloutchistan, Shahid Rind. Ce raid a eu lieu dans au moins trois districts de la province du Balouchistan, où les forces de sécurité luttent contre des violences sectaires, ethniques et séparatistes. Il a été mené par des dizaines d’assaillants et revendiqué par l’ALB, le principal mouvement séparatiste baloutche.
Le Premier ministre dénonce une « attaque terroriste »
Dans le district de Musakhail, entre 30 et 40 hommes armés ont notamment arrêté des bus, des camions et des fourgons sur une autoroute reliant le Pendjab au Baloutchistan, a expliqué Najibullah Kakar, un responsable local. « Les véhicules en provenance ou à destination du Pendjab ont été contrôlés et des personnes originaires du Pendjab ont été abattues », a-t-il précisé. Selon le gouvernement de la province, 23 personnes sont mortes dans cette attaque.
L’ALB a quant à elle déclaré avoir mené une opération « sur les autoroutes du Baloutchistan » qui ne visait seulement les forces de sécurité pakistanaises. Dans un précédent communiqué publié peu après minuit lundi, le groupe armé avait averti les habitants du Baloutchistan de ne pas s’approcher des autoroutes, précisant que « leur combat visait l’armée pakistanaise d’occupation ».
Peu après ces attaques, le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif a fait part de sa « profonde tristesse » et a condamné « cette attaque terroriste ».
Autonomie et contrôle des ressources naturelles
Frontalière de l’Afghanistan et de l’Iran, le Baloutchistan est la plus grande et la plus pauvre province du pays, bien qu’elle soit riche en ressources naturelles. Les séparatistes réclament plus d’autonomie et le contrôle des ressources gazières et minières de leur province. Ces dernières années, ils ont intensifié leurs attaques contre les Pakistanais des provinces voisines travaillant dans la région, ainsi que contre les sociétés énergétiques étrangères qui, selon eux, exploitent les richesses de la province.
Les Pendjabis constituent ainsi leurs ennemis principaux : le plus grand des six principaux groupes ethniques du Pakistan est perçu comme dominant les rangs de l’armée, engagée dans la bataille contre les séparatistes.
Selon Kiyya Baloch, analyste et ancien journaliste, les autorités recourent uniquement à la force pour réprimer le conflit qui dure depuis deux décennies, au lieu de rechercher des solutions politiques. « Cette approche a permis à l’insurrection de prendre de l’ampleur plutôt que de diminuer », a-t-il expliqué à l’AFP. Pour cet expert, « jamais autant d’attaques coordonnées n’avaient eu lieu simultanément » au Pakistan, avant la nuit dernière.