Quelques jours après les frappes américaines et israéliennes sur les sites de Fordo, Natanz et Ispahan en Iran, que peut-on savoir des effets et de l’efficacité de ce type d’action ? Pour y voir plus clair, nous nous proposons de faire deux rappels et trois correctifs à la lumière des résultats de la recherche indépendante sur le nucléaire militaire.

Un rappel d’abord. Au Moyen-Orient, Israël dispose d’un arsenal nucléaire depuis 1967 mais, à ce jour, l’Iran n’en dispose pas. Ce rappel est important parce que le cadrage officiel, expert, et médiatique de la question nucléaire en termes de « prolifération » introduit une confusion. En France, on trouve des discours sur l’imminence d’une bombe iranienne depuis au moins 2006.

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Un sondage (Nuclear Knowledges/IFOP) sur un échantillon représentatif de la population française en octobre 2019, répliqué en octobre 2024, montre que plus de 40 % des sondés croient à tort l’Iran en possession d’armes nucléaires (42 % en 2024) et seuls 40 % des sondés identifient Israël comme possédant des armes nucléaires parmi une liste de pays que nous leur proposons (43 % en 2024).

Une violation du droit international

Ensuite, l’usage de la force au nom de la contre-prolifération n’est pas une nouveauté, même si elle constitue une violation du droit international. Les Etats-Unis envisageaient déjà de telles actions contre le programme soviétique à la fin des années 1940. Trois Etats s’y sont livrés – les Etats-Unis, Israël et le Royaume-Uni – et le Moyen-Orient en a été la cible prioritaire, en Irak (en 1991, 1993, 1998 et 2003), Syrie (2007) et Iran notamment sous la forme d’assassinats de savants atomistes depuis les années 2010. L’assassinat de savants, il faut le rappeler, n’est pas non plus une nouveauté : en 1980, Yahia El-Meshad, en charge du programme nucléaire irakien, était assassiné à Paris.

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Premier correctif : les Etats-Unis sont communément présentés comme des acteurs majeurs de la non-prolifération, mais la recherche indépendante a montré qu’ils sont de loin le plus grand agent « proliférant » de l’âge nucléaire. Non seulement ont-ils développé les armes nucléaires en premier, produit plus de 30 000 ogives, mais ils ont aussi aidé le plus grand nombre d’autres Etats à développer des programmes d’armement nucléaire (le Royaume-Uni, la France, le Pakistan, l’Inde, l’Afrique du Sud et Israël).

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