• Les parents hélicoptères ont tendance à surprotéger leurs enfants,
  • Cette hyperparentalité crée une pression insoutenable sur eux et impacte leur confiance, leur résilience et la gestion du stress.
  • Pour aider leurs enfants, les parents hélicoptères doivent apprendre à prendre du recul et à leur offrir un espace de confiance.

Tu fais quoi ? Tu es avec qui ? Tu rentres à quelle heure ? Tu vas où… Dans la bouche de certains parents hypercontrôlants, ces phrases sont répétées à outrance, quasiment chaque jour, tels des mantras. Ces parents sont appelés « hélicoptères » car ils ont tendance à surprotéger leur enfant et ils interviennent dans chaque compartiment de leur vie. Leur objectif ? Leur éviter les difficultés, les peines, les souffrances ou la frustration. Pour Bruno Humbeek, psychopédagogue, interrogé par France Inter, « le parent hélicoptère met tout en œuvre pour avoir une vue d’ensemble de la vie de sa progéniture. En gros, le parent hélicoptère est un parent qui veut tout contrôler, qui se dit : ‘Si je ne contrôle pas mon enfant, je ne le vois plus. Il va lui arriver quelque chose de problématique’« . Le problème avec cette hyperparentalité : ils créent une pression parfois insoutenable pour leur progéniture. Or, cette pression et cette hyperprotection ne rendent pas service à l’enfant. Une étude de l’Université McGill au Canada a révélé que les enfants de parents surprotecteurs, comme les hélicoptères, s’adaptent bien moins aux facteurs de stress en grandissant. Ils ressentent plus d’anxiété et ont une moins grande résilience.

Les traumatismes antérieurs non digérés des parents

S’il est normal pour un parent de s’inquiéter pour un enfant, cette surprotection est le résultat d’un traumatisme qui n’a pas été géré. « L’instinct de proximité ne vient pas toujours d’un désir de microgestion. Il naît souvent de la peur« , explique Robyn Koslowitz, psychologue clinicienne spécialisée dans l’enfance, à Psychology Today. Elle estime que cette peur est légitime. « Pour tout parent ayant vécu un traumatisme ou une adversité, la peur s’apprend par l’expérience. Elle persiste, transformant notre vision du monde, notre interprétation du risque et notre façon d’élever nos enfants« . Les parents qui ont eux-mêmes vécu des situations traumatisantes possèdent un système nerveux sans cesse en état d’alerte pour anticiper les potentiels dangers. Pour ceux « qui ont grandi dans des foyers marqués par le chaos, la négligence ou l’incohérence émotionnelle, le discernement peut sembler hors de portée« , souligne la psychologue. 

Parfois, l’intuition est bonne, mais elle se traduit par une surveillance excessive des amitiés, des études ou de l’état émotionnel de leur enfant. Et cette parentalité hélicoptère ne rend pas service à l’enfant. En effet, lorsqu’ils sont secourus sans cesse, surdirigés ou surprotégés, les enfants grandissent avec le sentiment qu’ils ne sont pas capables de résoudre leurs problèmes seuls, ils ne peuvent pas penser de manière indépendante. Ils ont moins confiance en eux et une estime d’eux-mêmes plus fragile. « Les parents qui rôdent le font généralement parce qu’ils veulent élever des enfants émotionnellement sains. Ils veulent protéger leurs enfants de la douleur, protéger leur croissance et prévenir les blessures qu’ils portent eux-mêmes« , explique la psychologue. Mais le message qui se cache derrière est tout autre. Il se traduit par « je ne crois pas que tu peux y parvenir seul ». Or, l’enfant va y croire aussi.

Prendre du recul et offrir un espace de confiance pour l’enfant

S’il est évident qu’il faut offrir à un enfant un cadre sécurisé, la psychologue rappelle qu’il a aussi besoin d’un espace doux où la confiance peut s’installer. Elle conseille ainsi aux parents hélicoptères d’apprendre le recul et de « prendre conscience de votre urgence intérieure » afin d’éviter d’intervenir dans toutes les situations. Par ailleurs, il est important de laisser l’enfant exprimer ses émotions. « Un enfant peut pleurer, se débattre ou se sentir mal à l’aise, et pourtant en sortir plus fort… Laissez votre enfant tenter quelque chose de difficile, même si c’est salissant. Laissez-le apprendre ce qu’il peut gérer« , conseille Robyn Koslowitz. Surtout, c’est aussi aux parents de travailler sur leur système nerveux, en suivant peut-être une thérapie pour apprendre à gérer leur propre stress et retrouver (voire trouver) leur propre boussole intérieure.

Sabine BOUCHOUL pour TF1 INFO

Partager
Exit mobile version