La Patrouille de France lors de l’arrivée de la flamme olympique à Marseille, le 8 mai 2024.

Une arrivée grandiose qui a enterré les craintes, du moins dans la presse ? Pour le quotidien sportif L’Equipe, un « souffle olympique » a emporté Marseille avec l’arrivée de la flamme olympique, mercredi 8 mai, après une traversée de douze jours de la mer Méditerranée à bord du Belem. Le dernier rescapé des trois-mâts français – mis à l’eau en 1896, année des premiers Jeux olympiques (JO) modernes –, entouré de quelque mille embarcations dans la rade, était « comme un banc de poissons dont il eût été l’amiral », rapporte encore L’Equipe.

Il faut dire que la scénographie était maîtrisée. « Une chorégraphie millimétrée, pour une myriade de coques accompagnées d’une météo souriante et [d’]un mistral complice qui avait éprouvé le besoin de reprendre son souffle » jusqu’à son « entrée théâtrale dans le Vieux-Port à 19 heures », dépeint Le Figaro. Après l’allumage de la torche, portée par le nageur Florent Manaudou, le premier relayeur en France, « un spectaculaire feu d’artifice et La Marseillaise », avant que la Patrouille de France ne « [salue] l’événement ». Une journée que le journal Le Parisien titre : « Marseille en fête. »

« Certains attendaient l’enfant du pays »

Puis le médaillé olympique débarque du Belem, transmet le feu allumé à Olympie (Grèce) à Nantenin Keïta, championne paralympique du 400 mètres à Rio (2016), avant « un petit coup de théâtre, comme on les aime bien », se réjouit La Provence, le quotidien régional de l’étape, qui consacre quatorze pages à l’événement et qualifie la journée d’« historique » : « Un visage à peine caché et un large sourire. Jul, le rappeur aux 26 disques d’or et [aux] trois albums certifiés diamant, applaudi par la foule. » Désormais, la « surprise » tant entretenue par Tony Estanguet, président du comité d’organisation Paris 2024, a un nom : celui de la figure musicale marseillaise la plus connue et à qui revient l’honneur d’embraser le chaudron olympique, devant 230 000 spectateurs, selon le maire de Marseille, Benoît Payan (Parti socialiste).

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Pourtant, un autre nom circulait quant à ce mystérieux troisième relayeur, dans un mélange de rumeurs et de fantasmes. A la mi-journée, le journal L’Equipe écrit que, « selon [ses] informations, [le troisième porteur] devrait être Zinédine Zidane… à moins d’un énième changement de programme ». « Certains attendaient l’enfant du pays, le gamin de la Castellane », relate La Provence, pour qui ce mercredi 8 mai 2024 « restera gravé dans les mémoires » grâce à « une communion qui fait du bien ». Le footballeur marseillais « aurait été bien, mais je crois que [Jul] c’est encore mieux, pour les jeunes notamment ! », s’aventure Caroline, 22 ans, dans les colonnes de Ouest-France.

Mais qu’importe le porteur pourvu qu’on ait le feu. Au premier rang, le président de la République, Emmanuel Macron, applaudit tout sourire, lui qui veut « sa part de succès » en se rendant à Marseille, selon Libération. « Le président ne laisse pas passer une occasion de surfer sur la liesse exprimée pendant la cérémonie d’accueil de la flamme, pointe le quotidien. Il accorde une interview au débotté à France 2 et [à] TF1 pile au début de leurs journaux de 20 heures. »

« Des barrages de sécurité dignes de Fort Knox »

Derrière l’espace VIP, la foule savoure l’arrivée de la flamme et l’allumage du chaudron, malgré l’affluence. « Il aura fallu jouer des coudes, attendre parfois plus d’une heure pour passer des barrages de sécurité dignes de Fort Knox, et personne où presque n’aura vraiment trouvé la place parfaite pour suivre l’intégralité du spectacle », nous apprend La Provence.

Une sécurité absolue, car la France « a été la cible d’attaques terroristes islamistes répétées au cours de la dernière décennie, et la sécurité était renforcée mercredi (…), écrit The New York Times, qui rappelle que 6 000 policiers et gendarmes étaient mobilisés. Gérald Darmanin, ministre de l’intérieur et candidat potentiel à la présidentielle, a qualifié le niveau de sécurité de “sans précédent”. »

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L’ombre au tableau est justement sécuritaire. Avant le concert, prévu à 21 heures, des rappeurs marseillais Soprano et Alonzo, qui devaient parachever cette journée olympique, des mouvements de foule surviennent. « Des mamans paniquées, dont certaines en pleurs, tentaient de trouver de l’air pour leurs enfants, dans une atmosphère étouffante qui aurait pu, avec le recul, très mal tourner », décrit L’Equipe, qui pointe « la gestion mal maîtrisée des entrées-sorties ».

Malgré cet accroc, l’arrivée du feu sacré a été largement couverte – traitement en direct par les télévisions (6 millions de téléspectateurs sur TF1 et France 2) et la presse, dont Le Monde – et accueilli favorablement en France. Si Benoît Payan voyait dans sa ville le « centre du monde », les médias internationaux n’ont, sans surprise, pas porté le même intérêt à l’événement.

Pour le quotidien belge francophone Le Soir, cependant, « le spectacle [fut] éblouissant devant une foule conquise ». « La ferveur est enfin là », s’enthousiasme le média. Au Japon, héritier des derniers Jeux d’été, le Yomiuri shimbun, plus important tirage japonais et parmi les plus importants au monde, raconte qu’« un chanteur local populaire [Jul] a reçu le flambeau et a allumé le flambeau, portant l’excitation à son paroxysme ». Plus proche de nous, le quotidien britannique The Guardian n’a pas consacré d’article à l’événement, tout comme Bild, la parution la plus diffusée d’Allemagne.

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