Les couvreurs-zingueurs parisiens voient leur savoir-faire inscrit au patrimoine immatériel de l’Unesco ce mercredi 4 décembre.
L’occasion de mettre en avant les enjeux auxquels sont confrontés ces professionnels, comme le changement climatique.

C’était une décision attendue. L’Unesco a ajouté ce mercredi 4 décembre à sa liste du patrimoine culturel immatériel le savoir-faire des couvreurs-zingueurs et des ornemanistes parisiens, une reconnaissance pour ces façonneurs des toits de Paris qui sont aujourd’hui en première ligne dans l’adaptation au changement climatique.

Tirant leur nom du zinc, ce métal gris qui recouvre près de 80% des toitures parisiennes, les couvreurs-zingueurs (pose et restauration) ont, avec les ornemanistes (décoration), contribué à la reconstruction de la cathédrale Notre-Dame .

Un projet né il y a dix ans

« Cette candidature, je l’ai toujours vue comme la valorisation d’un patrimoine qui se projette dans l’avenir », se réjouit Delphine Bürkli, maire du 9ᵉ arrondissement de Paris, « émue et fière » de voir l’aboutissement de cette candidature qu’elle a initiée en 2014. « Paris sans ses toits, c’est Paris sans sa tour Eiffel », résume l’élue parisienne.

Sélectionnée par le ministère de la Culture fin 2022 et présentée à l’Unesco comme choix de la France en mars 2023, la candidature fait partie des 67 dossiers étudiés cette semaine par le Comité intergouvernemental de sauvegarde du patrimoine culturel immatériel , réuni depuis lundi à Asunción, au Paraguay. La candidature, initialement destinée à classer les toits parisiens et ses métiers au patrimoine mondial de l’Unesco, une procédure complexe, avait finalement été déposée en 2017 pour faire reconnaître ces deux professions au patrimoine culturel immatériel français, puis à l’Unesco.

Les toits sont à l’avant-poste du changement climatique.

Alexandre Florentin, conseiller du groupe écologiste à la mairie de Paris

« Ce que l’on voulait d’abord, c’était faire connaître le geste, faire connaître ce métier qui se transmet de génération en génération », explique Mériadec Aulanier, délégué général du Syndicat des entreprises de génie climatique et couverture plomberie (GCCP), qui déplore le « déficit d’image » dont souffre la profession.

« Le problème de ce métier, c’est qu’il est sur les toits, donc il n’est pas connu, car dans la rue, on ne les voit pas », résume le porteur du projet. Il espère désormais attirer de jeunes talents grâce à cette inscription, alors que la profession, qui compte entre 5 000 et 6 000 couvreurs aujourd’hui à Paris, manque de main-d’œuvre depuis des années. 

« Il y a une fierté pour eux de se dire que leur métier va être reconnu internationalement », se réjouit Gilles Mermet, photographe ambassadeur des toits de Paris et coordinateur de la candidature à l’Unesco. Il pointe la « vision sociale » de la reconnaissance de ce métier largement ouvrier.

Un métier proche de la « haute couture »

Ce savoir-faire, né au XIXe siècle lors de la refonte de Paris par le préfet Haussmann, doit aujourd’hui s’adapter à la rénovation thermique des bâtiments. « Les toits sont à l’avant-poste du changement climatique, car leur adaptation se met en confrontation avec l’esthétique et le patrimoine », résume Alexandre Florentin, conseiller du groupe écologiste à la mairie de Paris.

« Le couvreur est le premier à ressentir les effets du changement climatique », pointe Mériadec Aulanier en précisant que le métier, comparable à de la « haute couture », « a toujours su s’adapter ». Parmi les nombreuses solutions aujourd’hui mises en œuvre pour faire descendre la température, l’isolation des toits, l’installation de stores extérieurs et de terrasses ou encore la pose de végétation ou de revêtement clair sur les toits.

« Tous les défis sont devant nous », résume Delphine Bürkli, pour qui la reconnaissance de ces métiers par l’Unesco est avant tout celle de la « canopée urbaine » parisienne.


Zoe SAMIN avec AFP

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