Trois cents pages de photographies exclusives sur papier glacé et une ambition : ramener les lectrices et lecteurs au plus fort des émotions sportives et artistiques de l’été dernier. Paris 2024. Le livre officiel des Jeux olympiques figure en bonne place dans la plupart des librairies en cette période d’avant-Noël.
Mais, au fil des pages de cet ouvrage publié par la maison d’édition Hugo Publishing (à 44,95 euros), une chose saute aux yeux : où sont passés les Jeux paralympiques, desquels les organisateurs de Paris 2024 – et les pouvoirs publics – n’ont eu de cesse d’évoquer l’importance, en particulier parce qu’ils étaient l’occasion de « changer les regards sur le sport et sur le handicap », comme le disait Tony Estanguet, le président du Comité d’organisation des Jeux olympiques et paralympiques (Cojop) ?
Nulle mention, nulle photo des épreuves paralympiques et de leurs athlètes. Le titre du livre n’est pas mensonger : il n’y est pas question des Jeux paralympiques. Mais l’impasse ne passe pas. « Une honte. » Sur X (anciennement Twitter), l’association Cœur Handisport, dont le but est de médiatiser le parasport, dénonce un « immense raté ». « Voilà ce que représente réellement le handicap en France, le néant, et tout un système cautionne un tel mépris… », ajoute-t-elle.
Contactée, la direction d’Hugo Publishing se défend d’un oubli et déclare que faire état des Jeux paralympiques n’avait pas été évoqué dans le contrat signé avec le Cojop en avril 2022. L’éditeur affirme de plus : « Paris 2024 nous avait informés qu’un livre sur les Jeux paralympiques serait réalisé par la Fédération [française] handisport. »
Contrainte de livrer avant la fin des Jeux paralympiques
« Fausse information ! », répond-on à la direction de cette dernière, où l’on explique n’avoir jamais été approchée par le Cojop. « Cela n’a jamais été prévu chez nous », assure, auprès du Monde, Benoît Hétet, son directeur de la communication.
La Fédération française handisport (FFH), qui représente 75 % des athlètes paralympiques mais seulement onze disciplines sur les vingt-deux au programme des Jeux (des fédérations, comme celle de judo, s’occupent elles-mêmes du parasport), explique n’avoir ni les moyens, ni les droits sur les produits siglés « Paris 2024 ».
« Il est regrettable qu’il n’y ait pas un ouvrage commun réunissant les Jeux olympiques et les Jeux paralympiques », déplore la FFH, renvoyant vers le Comité paralympique et sportif français, qui gère les droits sur les images des Jeux paralympiques. Au sein de ce dernier, on confirme qu’« il n’a jamais été question que la FFH produise un livre », avant d’inviter à se « tourner vers le Cojop, en lead sur ce projet ».
Contactée, la direction de Paris 2024 explique que, « afin de commercialiser un livre photo des Jeux pour les fêtes de fin d’année, l’entreprise détentrice des droits de licence a été contrainte de livrer le 2 septembre, avant la fin des Jeux paralympiques ». D’où l’absence de photos relatives à ces derniers. Les épreuves paralympiques avaient toutefois commencé le 28 août – pour s’achever le 8 septembre.
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Tout en soulignant que « ce livre est un produit commercial sous licence Paris 2024 et non un document officiel du comité d’organisation », la direction de Paris 2024 déclare qu’il n’y aura pas de livre officiel et spécifique à propos des Jeux paralympiques. Elle met notamment en avant le fait que la licence des produits Paris 2024 expire à la fin de l’année civile.
Dans le secteur du merchandising en tout cas, la « révolution paralympique » qu’évoquait Tony Estanguet dans son discours d’ouverture des Jeux paralympiques, le 28 août, n’est pas pour demain.
