Dans un supermarché de Nantes, en mai 2025.

L’association de consommateurs UFC-Que choisir a demandé mercredi 24 septembre en fin de matinée, au tribunal judiciaire de Nanterre, le retrait temporaire des bouteilles Perrier, marque de Nestlé Waters, dont elle considère la commercialisation en tant qu’eau « minérale naturelle » comme trompeuse.

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L’objectif avancé par l’association est d’obtenir des mesures provisoires « de retraits du marché et de rappel de produits », « d’interdiction de commercialisation » et « la cessation des tromperies concernant ces eaux Perrier présentées comme “minérales naturelles” ».

L’UFC estime que « le consommateur achète une eau vendue comme minérale naturelle alors qu’elle n’est pas naturelle, puisqu’elle a été traitée », déclare à l’Agence France-Presse (AFP) l’avocat de l’association, Alexis Macchetto.

L’UFC avait saisi le tribunal judiciaire de Nanterre en référé au printemps par un référé d’heure à heure, procédure accélérée qui permet d’assigner quelqu’un à comparaître dans un délai très bref, mais l’audience prévue en juillet avait finalement été reportée.

A l’AFP, Nestlé Waters assure rester « tout à fait déterminé » à « contester » l’action en justice de l’UFC, rappelant toujours « opérer sous le contrôle des autorités ».

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Des contaminations révélées

Au début de 2024, des articles de presse ont révélé l’utilisation au cours des années précédentes de traitements interdits (ultraviolets, charbon actif) sur des sites d’embouteillage de Nestlé Waters pour, selon la filiale du groupe suisse qui rassemble notamment les marques Vittel, Perrier et Contrex, « assurer la sécurité sanitaire » des eaux.

Or, une eau minérale naturelle ne peut faire l’objet d’aucune désinfection ou traitement de nature à modifier ses caractéristiques.

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L’UFC-Que choisir estime, par ailleurs, qu’il y a « un risque réel pour le consommateur : sans mesure prise, un jour quelqu’un pourrait tomber malade », affirme M. Macchetto. Des contaminations, notamment par des bactéries « d’origine fécale », ont été plusieurs fois relevées ces dernières années, notamment après de fortes pluies, sur les forages utilisés pour Perrier.

Le groupe affirme qu’elles sont « ponctuelles », que ces pollutions concernaient « des puits aujourd’hui suspendus », et ajoute que « toutes les mesures nécessaires sont prises en cas d’anomalie ». « Nos eaux et nos produits ont toujours pu être consommés en sécurité », assure ainsi Nestlé Waters.

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Remplacement des filtres

Pour M. Macchetto, le risque est d’autant plus évident que Nestlé a récemment, à la demande de la préfecture du Gard, où est situé le site de production, « remplacé ses filtres 0,2 micromètre par des filtres 0,45 micromètre », technologie « forcément moins efficaces » selon l’avocat.

En mai, lors de la mise en demeure de la préfecture du Gard, le préfet avait bien spécifié que « les bouteilles Perrier commercialisées jusqu’à ce jour ne présentent aucun risque sanitaire pour les consommateurs ».

Selon Radio France, qui a eu accès aux arguments de la défense de l’entreprise, Nestlé Waters compte notamment sur le changement de filtre pour se défendre, faisant valoir que « l’action de l’UFC-Que choisir n’a aujourd’hui plus rien à voir avec son assignation », qui portait sur une technologie (les filtres à 0,2 micromètre) qui n’est plus d’actualité.

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Le Monde avec AFP

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