Mardi 22 octobre, un député a été contrôlé en possession de 3-MMC, une drogue de synthèse.
La consommation de ce type de drogue est de plus en plus populaire, mais ce phénomène reste sous-évalué, selon Jean-Luc Romero-Michel, adjoint à la maire de Paris

Le député Andy Kerbrat a reconnu, mardi 22 octobre, avoir été contrôlé par les forces de l’ordre en possession de 3-MMC , une drogue synthétique stimulante, qui se présente principalement sous forme de poudre dont les propriétés sont similaires aux amphétamines. Elle fait partie du groupe des cathinones de synthèse, qui est une famille de Nouveaux produits de synthèse (NPS) rappelle l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT).  

La popularité des NPS en France augmente de plus en plus à l’image des saisies qui passent de 3590 en 2021 quand il n’y en avait que 1170 en 2010 selon l’OFDT . Cependant, comme l’explique Jean-Luc Romero-Michel, adjoint à la maire de Paris en charge des droits humains, de l’intégration et de la lutte contre les discriminations et président d’Elus locaux contre le sida, aucune étude épidémiologique pour connaitre l’ampleur du phénomène n’a été menée. « Pour pouvoir mettre en œuvre une politique de santé publique sur un tel phénomène, il faut le connaître. Et faire cette étude, ce serait se rendre compte de son importance. Et ils n’ont peut-être pas du tout envie de se rendre compte de ce qui se passe dans l’utilisation des drogues de synthèse dans notre pays aujourd’hui. Personne ne veut regarder en face la situation des drogues de synthèse », assure-t-il à TF1info.  

Des nouvelles molécules vendues sur Internet

Le problème est multiple vis-à-vis des NPS. Crées en laboratoire, ils évoluent sans cesse pour rester sous les radars de la législation. Dans un rapport de 2022, l’OFDT répertoriait 368 NPS depuis 2008 dont 35 nouvelles en 2021 en France et 897 NPS en Europe. Lorsqu’une molécule devient illégale, d’autres similaires ont déjà envahi le marché pour la remplacer au détriment du consommateur. « La 3-MMC n’existe quasiment plus en France. Ça fait un an et demi qu’ils ont interdit cette molécule aux Pays-Bas. On a continué à dire que c’était de la 3-MMC, mais c’est d’autres drogues de synthèse qui sont vendues, dont la 2-MMC. C’est un vrai danger, parce que vous croyez consommer telle dose de telle drogue, mais vous n’en savez rien », explique l’adjoint à la maire de Paris.  

Majoritairement vendues sur internet, sans forcément passer par le dark web, le trafic de ces drogues a un nouveau visage. « La plupart des gens aujourd’hui n’ont pas besoin d’avoir de dealer, ils commandent sur des sites et certains des produits sont même légaux. Ils les reçoivent directement chez eux. Les policiers ne vont pas courir après toutes les enveloppes qui arrivent dans les boîtes aux lettres de gens. Cela pose le problème de la législation actuelle des drogues, parce qu’ils sont totalement hors des champs où la police peut intervenir« , poursuit l’adjoint à la mairie de Paris. 

Et Jean-Luc Romero de conclure : « Quoi qu’il arrive, sur ces politiques-là, si elles ne marchent pas sur leurs deux jambes, c’est-à-dire d’un côté la prévention, l’information, le soin, et de l’autre côté la répression, ça ne marche pas, et nous ne travaillons que sur la répression des trafics, et nous ne nous occupons pas des personnes qui sont addict« .


Garance RENAC

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