Lancé il y a six ans pour lutter contre les inégalités, le petit-déjeuner gratuit gagne de plus en plus d’établissements.
Il a atteint 2023 écoles au sein de 483 communes en France, révèle le ministère de l’Éducation nationale à TF1Info.
Mais dépendant du bon vouloir de chaque collectivité, le succès concret de ce dispositif reste très mitigé.
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Réussir l’éducation de ses enfants
Un bilan en demi-teinte. Expérimenté en 2018, puis étendu à partir de septembre 2019, le petit-déjeuner gratuit à l’école fait partie des grandes promesses inscrites dans le plan pauvreté du gouvernement et du ministre de l’Éducation de l’époque, Jean-Michel Blanquer. Consistant à distribuer un petit-déjeuner équilibré dans les écoles des réseaux d’éducation prioritaire, le dispositif semblait idéal. Comme un clin d’œil au verre de lait quotidien pour les écoliers instauré par Pierre Mendès France en 1954. Mais très vite, la mesure s’est frottée aux inquiétudes des élus et des syndicats, certains maires dénonçant un « coup de com ». Qu’en est-il six ans plus tard ? On fait le bilan.
Adopté par de plus en plus d’écoles
Lors de l’année scolaire 2023-2024, ces petits-déjeuners gratuits ont été déployés dans 2023 écoles au sein de 483 communes en France, contre 1810 écoles au sein de 436 communes en 2022-2023, selon les chiffres du ministère de l’Éducation nationale révélés à TF1Info. Un dispositif « porté par les collectivités territoriales, avec un financement forfaitaire de l’État d’une valeur de 1,3 euro par élève en métropole, et 2 euros par élève en outre-mer », nous indique la rue de Grenelle. Lors de l’année 2023-2024, près de 242.500 élèves, soit 4,4% de ceux scolarisés dans l’enseignement public en maternelle et primaire, ont bénéficié de la distribution d’un petit-déjeuner gratuit, contre 212.100 en 2022-2023, ou encore 153.000 lorsque le dispositif a été étendu en 2019-2020.
Relève de la volonté de chaque collectivité
Si les petits-déjeuners gratuits ont su séduire de nouvelles écoles ces six dernières années, leur succès reste mitigé car ils n’ont jamais été rendus obligatoires. Lors de l’année scolaire 2023-2024, seuls 21,7% des élèves scolarisés en REP+ et 11,2% scolarisés en REP ont pu bénéficier de ces petits-déjeuners gratuits qui prennent aussi une forme différente d’un établissement à l’autre. « C’est pourtant ce qui crée de l’inégalité », déplore Abdelkrim Mesbahi, président de la FCPE, première fédération de parents d’élèves. « Entre deux communes côte à côte aux situations sociales identiques, il risque d’y avoir de grosses inégalités pour les familles, car l’une proposera des petits-déjeuners gratuits et l’autre pas », alerte-t-il auprès de TF1Info.
Autre bémol : si une école a adopté le dispositif, cela ne signifie pas qu’elle propose un petit-déjeuner chaque matin à tous ses élèves. Dans la ville de Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), 8522 écoliers ont pu en bénéficier depuis 2019, indique la mairie. « On propose un petit-déjeuner pris après l’entrée à l’école, sur le temps scolaire, de 8h30 à 9h30 », explique le maire Olivier Klein, interrogé par TF1Info. Au menu, travaillé avec un nutritionniste : pain de campagne, confiture, lait, chocolat en poudre et jus de pomme.
Dans cette commune qui compte parmi les plus pauvres de France, le petit-déjeuner gratuit est proposé en 2024-2025 à 470 élèves de grande section, 494 élèves de CE2 et 500 élèves de CM2, selon les chiffres de la mairie. À titre d’exemple, l’enveloppe prévue par la commune pour un tel dispositif entre le 19 novembre et le 13 décembre 2024 est de 11.712 euros. Mais attention : « Ce n’est pas proposé à la même classe tout au long de l’année », clarifie Olivier Klein. « C’est une éducation à prendre son petit-déjeuner, mais ça ne se substitue pas, sur la durée, à une famille qui aurait de grandes difficultés », précise-t-il.