La physiognomonie est une pseudo-science qui fascine les hommes depuis la nuit des temps.
Elle propose de découvrir vos traits de personnalité à partir de vos caractéristiques faciales.
Bien que notre visage soit un outil de communication, cette pratique doit être utilisée à bon escient.
Notre visage change au fil du temps. Les muscles faciaux sont façonnés par la répétition d’expressions. Si vous avez l’habitude de sourire, votre visage en portera l’empreinte, notamment avec des pattes d’oie visibles aux coins des yeux. À l’inverse, une personne plutôt soucieuse aura tendance à présenter des rides du lion plus marquées. Reflet de nos émotions, notre visage peut-il également révéler notre personnalité intrinsèque ?
Les grands principes de la physiognomonie
Déduire les traits de caractère d’une personne en observant simplement son visage, les hommes en ont toujours rêvé. Comme le relate l’Encyclopædia Universalis, « les premiers écrits de physiognomonie remontent à l’Antiquité grecque et romaine ».
Défendue par le penseur suisse Johann Kaspar Lavater qui lui a consacré l’ouvrage L’Art de connaître les hommes par la physionomie (1775), cette pratique a toutefois atteint son apogée au XVIIIᵉ siècle. Dans son livre, il établit des correspondances entre des traits physiques et le caractère. Ainsi, les personnes pourvues d’un front large bénéficieraient d’une intelligence supérieure, tandis que les détenteurs d’un menton proéminent seraient dotés d’une forte détermination.
Un visage en pointe révèlerait une fermeté tournant à l’opiniâtreté. Quant à certaines rides, elles dénoteraient une imbécilité, « elles sont toujours en grand nombre, profondément tracées, croisées et entrecoupées », écrit Lavater dans son ouvrage.
La morphopsychologie, une version édulcorée ?
Controversée par la communauté scientifique qui refuse de la considérer comme une science, la physiognomonie peut alimenter des croyances basées sur des biais culturels et des expériences personnelles. Il vaut mieux alors s’en méfier, car elle peut alimenter des préjugés et des discriminations, notamment dans le domaine professionnel.
Cette pseudo-science a perdu du terrain face à l’évolution des connaissances en anatomie, en physiologie et en psychisme. Toutefois, cette pratique reste utilisée sous une autre identité. La morphopsychologie a pris le relais « avec d’autres références et un vocabulaire modernisé », souligne l’Encyclopædia Universalis. Fondée en 1937 par le pédopsychiatre Louis Corman, elle couvre les champs de la physiologie, de la psychologie et de la biologie.
Cette discipline reste subjective, car elle se base avant tout sur des observations « à partir desquelles on peut établir non pas des lois, mais des hypothèses. Celles-ci permettent d’interpréter et de comprendre, en partie, des comportements, pas de les expliquer de manière exhaustive et définitive », indique Jean-Paul Juès, morphopsychologue et co-auteur avec Martine Boulard du livre La Morphopsychologie, dans Psychologies.
Martine Boulard, morphopsychologue, déconseille d’utiliser cette pratique dans le cadre d’un recrutement professionnel. En revanche, analyser l’équilibre entre les différentes parties du visage peut servir à s’orienter professionnellement, ou à vivre des relations plus apaisées en famille et en couple.