L’arrêté préfectoral interdisant de consommer l’eau du robinet entre en vigueur, jeudi 10 juillet, pour 12 communes des Ardennes. La même mesure s’applique depuis samedi 5 juillet dans quatre communes de la Meuse. Des taux de PFAS, dits « polluants éternels », supérieurs à la limite légale, de 100 nanogrammes par litre (ng/l), y ont été relevés dans l’eau distribuée. La durée de cette interdiction, qui concerne 2 800 habitants au total dans les Ardennes, n’a pas été précisée.

Une loi sur les polluants éternels promulguée au début de l’année prévoit d’inclure les PFAS dans le contrôle sanitaire des eaux potables. Pour les communes concernées − Villy, Malandry, Blagny, Linay, Haraucourt, Bayonville, Beffu-et-le-Morthomme, Landres-et-Saint-Georges, Thenorgues, Imécourt, Verpel et le hameau de Sivry −, la préfecture des Ardennes a reconnu que « la concentration totale des 20 principaux PFAS dépasse, de façon persistante et très importante, la limite réglementaire ». Ces villages se situent dans le sud du département, à proximité de la Meuse ou de l’un de ses affluents.

Selon France 3 et Disclose, les taux dépassent de trois à 27 fois la limite dans 17 communes de la Meuse et des Ardennes. Avec 2 729 ng/l décelés en février, Villy, dans les Ardennes, présente le plus grand nombre de contaminations au niveau national, précise Disclose. La source utilisée dans ce village est si polluée que l’on « ne peut pas la traiter, on ne peut pas rattraper le taux », regrette son maire, Richard Philbiche.

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Deux litres d’eau potable par jour

Les PFAS, substances per- et polyfluoroalkylées, peuvent provoquer notamment une augmentation du taux de cholestérol, des cancers, des problèmes de fertilité ou touchant le développement du fœtus. Massivement utilisés dans l’industrie depuis le milieu du XXᵉ siècle, par exemple pour fabriquer des poêles antiadhésives, des vêtements imperméables ou des cosmétiques, ils sont, comme leur surnom l’indique, extrêmement difficiles à éliminer une fois dans l’eau ou les sols.

Les municipalités concernées doivent fournir deux litres d’eau potable par jour à chaque habitant tant que l’eau courante reste impropre à la consommation. Pour Villy, cela représente une dépense de 18 000 euros sur un an. « On va payer l’eau cent fois plus cher » que si elle était captée à la source, assure le maire. Le préfet des Ardennes invite par ailleurs les communes concernées « à mettre en place, dans les meilleurs délais, un plan d’action pour réduire de façon satisfaisante le taux de PFAS dans l’eau et rendre de nouveau l’eau conforme aux normes en vigueur ».

« On sait que notre pollution date d’au moins vingt-cinq ans », affirme Annick Dufils, maire de Malandry, près de Villy, qui dénonce « un scandale sanitaire ». Elle s’attend à ce que les travaux durent plus d’un an et coûtent de 500 000 à 900 000 euros. « On va s’endetter sur des décennies », ajoute-t-elle, regrettant l’absence de soutien des pouvoirs publics.

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Le Monde avec AFP

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