Pierre Suard, à Paris, le 4 avril 1989.

Il avait été le dernier patron de ce qui fut la Compagnie générale d’électricité (CGE), énorme conglomérat qu’il avait lui-même rebaptisé « Alcatel Alsthom », avant d’en être brutalement évincé en 1995 pour un délit dont il sera finalement blanchi. Pierre Suard a vécu 30 années avec ce qu’il considérait à la fois comme une injustice personnelle et une décision fatale à son entreprise. Il est mort le 27 novembre 2025, à l’âge de 91 ans, a annoncé, le lendemain, son fils Bruno Suard.

Fils d’ouvrier, né à Lons-le-Saunier en 1934, le futur PDG de la CGE a suivi le parcours classique d’un polytechnicien passé par l’Ecole nationale des ponts et chaussées. Après un poste d’ingénieur puis de directeur d’exploitation d’Aéroports de Paris entre 1963 et 1967, il devient chargé de mission au cabinet de Michel Debré (1912-1996), ministre de l’économie et des finances (1967-1968). Sa carrière entrepreneuriale, elle, débute vraiment en 1973, quand il entre à la CGE par la porte de sa filiale Câbles de Lyon, en difficulté. Il la redresse pour en faire le numéro un mondial du secteur, avant de diriger l’entité bien plus grosse des télécoms, Alcatel CIT, puis d’accéder à la vice-présidence du groupe. C’est l’époque où l’Etat-stratège modernise la France (centrales nucléaires, réseau téléphonique, TGV…) et où le conglomérat joue presque partout les premiers rôles.

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