Après deux ans de massacres et de destructions, la guerre va-t-elle enfin s’arrêter à Gaza, et les derniers otages israéliens être libérés ? Si les négociations indirectes prévues au Caire à partir du 6 octobre peuvent permettre d’y parvenir, c’est parce que le président des Etats-Unis, Donald Trump, s’est ravisé. Après s’être trop longtemps accommodé de la fuite en avant du premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, il estime désormais que les intérêts de son pays ne recoupent plus ceux de la coalition extrémiste à la tête de l’Etat hébreu.
Le locataire de la Maison Blanche s’est décidé à agir parce que la guerre pour la guerre conduite à Gaza a fini par dépasser toutes les bornes et qu’il lui devenait impossible de ne pas tenir compte du puissant rejet international qu’elle suscite désormais. L’élaboration d’une « feuille de route » franco-saoudienne pour éviter l’abîme, et les reconnaissances occidentales, lancées par la France, de l’Etat de Palestine à l’occasion de l’Assemblée générale des Nations unies ont contribué à cette dynamique, quoi qu’en pensaient alors leurs bruyants détracteurs. On ne peut que regretter amèrement qu’il ait fallu autant de civils palestiniens tués, blessés, amputés, privés de tout, pour parvenir à ce qui aurait dû s’imposer depuis bien des mois.
La fin de la guerre à Gaza apparaît enfin possible, mais elle n’est pas encore assurée compte tenu des nombreuses lacunes du plan présenté à la Maison Blanche le 29 septembre. Le précédent du cessez-le-feu du 19 janvier, auquel le premier ministre israélien avait mis fin unilatéralement sans avoir à en payer le moindre prix a montré ce qu’il pouvait advenir si les protagonistes de cette guerre étaient livrés à eux-mêmes. L’exigence et la vigilance valent tout autant pour le Hamas, dont la démilitarisation fait l’objet d’un très large consensus. Il doit enfin rendre des comptes aux Palestiniens qu’il prétend défendre pour le déclenchement barbare de la guerre, et pour l’impasse faite de carnages et de destructions dans laquelle son aveuglement les a précipités.

Besoin d’opiniâtreté et d’impartialité
Bien des points restent à préciser, et pourtant le temps presse. L’état d’anéantissement dans lequel se trouvent la bande de Gaza et ses habitants, qu’Israël continue de vouloir masquer en interdisant un accès libre à la presse internationale, impose au plus vite l’arrêt des bombardements et l’acheminement et la distribution de l’aide indispensable dans l’immédiat par des organisations compétentes. Cette évidence ne milite pas pour la prolongation de l’expérience catastrophique de la bien mal nommée Gaza Humanitarian Foundation mise en place à cet effet par les Etats-Unis et Israël.
Quant à la paix, dont Donald Trump estime, non sans raison, qu’elle lui vaudrait une place dans l’histoire, elle exige la constance et surtout l’affirmation d’un horizon politique clair. Ce dernier ne peut être autre chose, à ce stade, que la solution à deux Etats avec ce qu’elle signifie pour une Cisjordanie livrée à une colonisation israélienne à outrance. Ces objectifs hors d’atteinte aujourd’hui impliquent opiniâtreté, impartialité et sérieux. Autant de qualités dont l’ancien premier ministre britannique Tony Blair, cité pour jouer un rôle crucial, n’a pas fait la preuve lorsqu’il s’est consacré au conflit israélo-palestinien pendant huit longues années improductives, de 2007 à 2015.