- L’augmentation des taxes douanières décidée par Donald Trump met à mal le commerce avec la Chine.
- À Los Angeles, dans le plus grand port du pays, l’activité tourne au ralenti et les employés s’inquiètent.
- Regardez le reportage des correspondantes de TF1 aux États-Unis.
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La guerre commerciale de Donald Trump contre le reste du monde
Une gigantesque machine à l’arrêt. L’augmentation des taxes douanières décidée par Donald Trump était censée avantager les États-Unis, mais pour l’instant, la mesure provoque un coup d’arrêt du commerce avec la Chine, dont les marchandises sont désormais taxées à 30%. Chauffeurs routiers, importateurs et restaurants en subissent les conséquences économiques. Dans le reportage à retrouver en tête de cet article, une équipe de TF1 se rend dans le port de Los Angeles, porte d’entrée d’un tiers des marchandises du monde entier sur le territoire américain.
Dans la zone qu’elle filme ce jour-là, il n’y a qu’un cargo prêt à être déchargé, contre deux habituellement. Et pour cause : les importateurs de produits chinois, devenus frileux, ont massivement annulé leurs commandes. Bobby Djavaheri vend des appareils de cuisine dans tout le pays. Alors qu’il devrait commander maintenant pour la période de Noël, il a décidé d’attendre car à cause des surtaxes, il va être obligé d’augmenter ses prix et craint de perdre ses clients. « Tout d’un coup Trump débarque et chamboule tout. Notre marge va être minuscule cette année et encore si on s’en tire une, ça m’empêche de dormir. On en parle entre nous jour et nuit »
, s’inquiète-t-il. Ce sont près de trois millions de personnes qui vivent des opérations du port de Los Angeles.
Face à cette situation, les syndicats tirent la sonnette d’alarme. « On a vu plus d’annulations de cargos que pendant la pandémie de Covid-19. On parle de millions d’emplois qui sont directement liés à ces ports de Californie. Moins on a de revenus, moins on a de volumes, plus ça aura un impact sur les transporteurs et les routiers »
, assure Matt Schrap, responsable syndical des chauffeurs poids lourds.
Faute de commandes, les chauffeurs perdent des revenus
Les chauffeurs routiers paient aussi le prix d’un nombre de livraisons en chute libre. Sur l’aire de repos au cœur du port, ils sont des dizaines à se tourner les pouces. « Je n’ai pas de livraison avant 17h30, je dois attendre au moins trois ou quatre heures »
, déplore face à notre caméra l’un d’eux, Bonifacio Paredes. Il n’est pas le seul à moins travailler depuis l’instauration des droits de douane. Cela fait plusieurs semaines qu’Otto Lemus, chauffeur depuis trente ans, ne fait plus qu’une livraison par jour, contre quatre en temps normal.
Une baisse drastique qui entache ses revenus. « D’habitude, on peut se faire jusqu’à 2.000 dollars par semaine, mais là, c’est 1.000 à peine »
, regrette-t-il. Le père de famille est payé au trajet : 370 dollars l’aller-retour. Son essence et son assurance lui coûtent 1.200 euros par mois. En ce moment, il ne rentre plus dans ses frais.
Ce ralentissement économique est visible partout autour du port, les commerces étant touchés. Un restaurant qui voit défiler les dockers et les chauffeurs routiers a perdu 15 à 20% de sa clientèle journalière. « Normalement, on a une file d’attente à la porte »
, affirme le gérant, Vincent Passanisi. Pour pallier la baisse de recettes et éviter de licencier, il n’a eu d’autre choix que de passer ses douze employés en temps partiel.