Un député du RN souhaite que les logements sociaux fassent l’objet d’une « priorité nationale dans leur attribution ».
Selon lui, plus d’un tiers du parc social français (35%) serait occupé par des personnes immigrées.
C’est faux : les derniers chiffres évaluent plutôt cette proportion à 19%, voire à 12% si l’on s’en tient aux locataires immigrés de nationalité étrangère.

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L’info passée au crible

Le député du Rassemblement national Frédéric Falcon a défendu cette semaine à l’Assemblée une mesure portée de longue date par son parti. Alors que « 2 millions de Français » sont selon lui « dans l’attente d’un logement social », l’élu de l’Aude réclame une « priorité nationale » dans l’attribution des logements sociaux qui, déplore-t-il, seraient occupés pour « 35% d’entre eux […] par des immigrés ». 

Une confusion trompeuse

Tout d’abord, un bref détour par le site de l’Insee permet de constater que le député du RN effectue une confusion majeure. En réalité, les 35% auxquels il fait référence correspondent à la part d’immigrés qui vivent dans un logement social et non pas au pourcentage de logements sociaux occupés par des immigrés. 

Selon ces mêmes données, qui portent sur les années 2019-2020, 32% des immigrés étaient alors propriétaires de leur résidence principale, tandis que 28% étaient locataires dans le parc privé et 9% déclaraient loger chez leurs parents.

Pour connaître la part de logements sociaux occupés par des immigrés, les données disponibles remontent à 2013, année de la dernière « enquête logement » d’envergure menée par l’institut de la statistique. À l’époque, un logement social sur cinq (19,9%) accueillait un ménage immigré. Une nouvelle enquête logement étant en cours, il sera bientôt possible de bénéficier d’une mise à jour de ce chiffre.

De plus, une part non négligeable des personnes répertoriées parmi les « immigrés » sont de nationalité française. Elles ne sont donc pas concernées par la proposition défendue par le RN. Si le parti de Jordan Bardella défend une « priorité nationale » pour l’attribution des logements sociaux, il ne peut faire obstacle à leur attribution à des personnes de nationalité française qui seraient nées à l’étranger. 

L’Insee rappelle que 35% des personnes immigrées vivant en France sont aujourd’hui de nationalité française. Cela fait suite à des procédures de naturalisation. – Insee

En 2017, l’Union sociale pour l’habitat (organisme qui fédère les bailleurs sociaux) avait indiqué que seuls 12% des logements sociaux étaient en pratique occupés par des familles de nationalité étrangère. « Une proportion stable depuis longtemps », faisait remarquer Le Monde. Si la mesure du RN visant à prioriser l’accès à l’habitat social pour les ménages de nationalité française était appliquée, elle ne viserait donc pas 35% des locataires actuels mais un peu plus de 10%. 

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Thomas DESZPOT

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