• Cet été, notre pays manque d’eau au point que même le Morbihan, en Bretagne, a été placé en alerte sécheresse.
  • Au large de ce département, sur l’île d’Hoëdic, la gestion de l’eau est devenue un défi quotidien, surtout en période de vacances.
  • Dans ce reportage sur place du JT de TF1, découvrez comment autorités et habitants préservent leur unique nappe phréatique.

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Notre planète

Un orage, peut-être deux. Pas plus, pour l’heure, en 2025. L’ancestral cliché selon lequel il pleut un peu trop souvent en Bretagne ne devrait pas résister longtemps à la réalité du changement climatique. L’eau fait, heureusement, toujours partie de notre quotidien. Le territoire français, constellé de lacs, de rivières, de fleuves, reste entouré par l’un des littoraux les plus vastes au monde. Mais il ne faut pas s’y tromper : l’eau douce, la seule que nous pouvons boire, représente à peine 3% de toute celle de la planète. 

En France, chacun de nous en consomme, en moyenne, 150 litres par jour. On peut donc être encerclé par l’eau et pourtant en manquer, surtout quand vient l’été. La petite île d’Hoëdic, à une heure de bateau du Morbihan, département placé cette année en alerte sécheresse, en est un exemple pour le moins éloquent.

Le système de récupération d’eau de pluie de Philippe, jardinier à Hoëdic (Morbihan), à sec depuis plusieurs mois. – Capture d’écran TF1

Ce confetti de terre compte 85 habitants à l’année. Et une unique nappe phréatique, dans laquelle il est convenu de puiser avec parcimonie, afin que toutes et tous puissent en profiter. Problème : cette population est multipliée par vingt quand affluent touristes et résidents secondaires en juillet et en août. Ce qui, fatalement, limite encore plus la précieuse ressource, surtout quand les systèmes de récupération d’eau de pluie installés par des agriculteurs ne permettent d’irriguer qu’au printemps. Alors, pour éviter la pénurie, la mairie réduit la pression de tous les robinets de l’île pendant l’été.

Sandrine Dilé, propriétaire du seul hôtel d’Hoëdic, décrit ainsi, au micro de TF1, dans le reportage en tête de cet article, le quotidien estival sous restriction : « Plus l’île sera occupée, moins on aura d’eau. Donc on a moins de pression sur sa douche, en cuisine, etc. On s’adapte à cette situation. » Par exemple en effectuant ses lessives, particulièrement gourmandes en eau, durant la nuit. « Si chacun tire en même temps, à un moment donné, on n’aura plus rien », synthétise la dirigeante, qui explique régulièrement ce principe aux vacanciers séjournant dans son établissement.

Dans ce contexte, la nappe phréatique sous les pieds de ce petit monde fait l’objet de toutes les attentions. D’autant qu’« elle est en suspension sur de l’eau salée », précise le maire (SE), Jean-Luc Chiffoleau. Un détail qui a son importance, parce que cela nécessite l’usage de « capteurs qui permettent de vérifier que cette eau, quand elle va dans les puits, n’a pas un degré de salinité trop important », reprend l’édile. Philippe, jardinier habitant l’île à l’année, insiste sur ce point : « Sans eau douce, ce n’est même plus la peine d’arroser. Avec de l’eau salée, ça ne marche pas. » Un subtil équilibre à trouver.

En effet, chaque forage s’avère désormais particulièrement délicat, car il s’agit, pour remonter l’eau douce, de forer profond, mais pas trop vite, ni trop profond non plus, sous peine de voir « l’eau salée passer au-dessus de la nappe » (voir l’infographie ci-dessous) et l’eau forée devenir « impropre à la consommation », toujours selon le maire, qui se souvient d’« une époque où l’eau des robinets étaient tellement salée que les ballons d’eau chaude perçaient au bout de deux ou trois ans »… Depuis, les équipements ont été rénovés. Et il y a, chaque été, assez d’eau douce pour les touristes comme pour les habitants.

En cas de forage trop rapide ou trop profond, c'est de l'eau salée que l'on puisera dans la nappe phréatique de l'île d'Hoëdic  (Morbihan). - Capture d'écran TF1
En cas de forage trop rapide ou trop profond, c’est de l’eau salée que l’on puisera dans la nappe phréatique de l’île d’Hoëdic (Morbihan). – Capture d’écran TF1

Il y a dix ans, deux cuves de stockage, relativement discrètes, bien qu’elles contiennent l’équivalent de trois piscines olympiques remplies à ras bord, ont été installées, à l’initiative de la municipalité. « C’est il y a dix ans qu’est apparu ce phénomène de fréquentation supplémentaire liée au tourisme de proximité et aux excursionnistes qui viennent à la journée, donc qu’on a eu ce manque d’eau, indique Jean-Luc Chiffoleau. Alors, on a remis nos bâches en service, pour avoir des capacités de stockage plus importantes. » Afin de répondre au besoin des touristes, qui nourrissent l’économie locale par leurs venues estivales, mais aussi au cas où, sait-on jamais, il pleuvrait encore moins en Bretagne dans les années à venir.

Hamza HIZZIR | Reportage TF1 : Guillaume BERTRAND, Séverine FORTIN, Stefan IORGULESCU

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