A la suite d’une mission d’enquête européenne menée par leurs soins, trois hauts fonctionnaires de l’inspection générale des affaires sociales (IGAS) ont acquis la conviction que le management à la française était de médiocre qualité et en retard sur les pratiques de ses voisins, ce qui justifierait, à leurs yeux, une nécessaire « inflexion ». En effet, l’impact de ce « mauvais » management ne se limiterait pas seulement à la qualité de vie au travail ou aux conditions de travail des salariés, il aurait aussi un effet sur les politiques sociales – comprendre, le taux d’emploi, les arrêts maladie, l’absentéisme, le sentiment de perte de sens au travail et in fine le risque de désengagement des salariés. De quoi justifier l’intervention de la puissance publique pour redresser la barre.

Constatant que le management français serait plus encadré par la réglementation que ses voisins, mais de manière indirecte, les trois hauts fonctionnaires suggèrent une intervention plus directe pour remédier à ce qu’ils considèrent comme un paradoxe : « Modifier une ou plusieurs dispositions législatives dans l’objectif d’infléchir effectivement et durablement les pratiques managériales en France ; inscrire les pratiques managériales dans les thèmes du dialogue social obligatoire de la qualité de vie et des conditions de travail ; inscrire les pratiques managériales parmi les orientations stratégiques faisant l’objet de la procédure d’information-consultation avec le comité social et économique (CSE) ; étendre les pouvoirs du CSE en matière d’organisation du travail… » Rien que ça !

S’il faut bien reconnaître que le management toxique est malheureusement une réalité avérée et qu’il crée effectivement des dégâts destructeurs et peu réparables pour les victimes comme pour la collectivité, est-ce une raison suffisante pour que l’Etat s’en mêle, au-delà de la pénalisation de telles pratiques déviantes déjà en place ? On peut très sérieusement en douter.

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