Le budget pour 2025 enfin voté, on pouvait espérer un peu de sagesse de la part des politiques. L’esprit de compromis, difficile à faire advenir depuis la dissolution de l’Assemblée nationale, en juin 2024, semblait avoir un peu progressé au regard des difficultés que traverse le pays. Or, à peine le psychodrame financier provisoirement refermé, un autre feu a éclaté à l’intérieur même du gouvernement.

En déclarant, le 6 février, dans le cadre de la discussion d’une proposition de loi déposée par Les Républicains (LR), qu’il était favorable à la limitation du droit du sol non seulement à Mayotte mais aussi en métropole, le garde des sceaux, Gérald Darmanin, savait qu’il choquerait. Le droit du sol, qui permet à un enfant né en France d’être français à sa majorité sous condition d’une résidence d’au moins cinq ans, fait partie de l’histoire du pays depuis sept siècles.

Lorsqu’un ministre RPR, Charles Pasqua, agissant sous la pression du Front national, l’avait restreint en 1993, le pays s’était profondément déchiré. Bis repetita. Dans la foulée des propos du ministre de la justice, une brèche s’est ouverte au sein du gouvernement entre l’aile droite et l’aile gauche, le camp Darmanin-Retailleau et la sensibilité Borne-Lombard, plaçant le chef du gouvernement, François Bayrou, dans une situation doublement inconfortable. Il a à la fois été pris par surprise par la déclaration d’un de ses ministres et a dû corriger le trublion sans donner l’impression de lui faire la leçon.

Débat explosif autour du droit du sol

Le premier ministre a cru pouvoir éteindre l’incendie en jugeant « trop étroite » la question du code de la nationalité et en se déclarant partisan d’un « débat (…) autour de la question “qu’est-ce qu’être français ?” » dont il se fait fort de maîtriser le déroulement. Le souvenir du très contesté « grand débat sur l’identité nationale », lancé par Nicolas Sarkozy en 2009, invite cependant à penser que la « réconciliation » à laquelle aspire le Béarnais relève de la chimère.

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