Le président algérien Abdelmadjid Tebboune dénonce un « climat délétère » avec la France.
« Le dialogue politique est quasiment interrompu », admet-il dans un entretien à « L’Opinion », estimant « perdre du temps » avec Emmanuel Macron.
Suivez la couverture complète
Crise diplomatique entre la France et l’Algérie
Un « climat délétère ». Voilà comment le président algérien Abdelmadjid Tebboune qualifie les relations entre son pays et la France. Dans un entretien accordé au journal L’Opinion (nouvelle fenêtre), il juge « perdre du temps » avec Emmanuel Macron. Le chef de l’État algérien espère éviter une « séparation qui deviendrait irréparable ». « Plus rien n’avance si ce n’est les relations commerciales », indique-t-il. « Le dialogue politique est quasiment interrompu », poursuit-il, déplorant les « déclarations hostiles tous les jours » de responsables politiques français (nouvelle fenêtre).
« Boualem Sansal ? C’est une affaire visant à mobiliser contre l’Algérie »
Face à la dégradation des relations, le président algérien s’est dit « totalement d’accord » avec le besoin de reprendre le dialogue, évoqué notamment par le ministre des Affaires étrangères français, Jean-Noël Barrot. Encore faudrait-il des déclarations politiques fortes en ce sens, selon lui, « que le président français, les intellectuels, les partisans de la relation puissent faire entendre leurs voix ». « Ce n’est pas à moi de les faire. Pour moi, la République française, c’est d’abord son président. »
Interrogé sur le cas de l’écrivain Boualem Sansal, critique du pouvoir algérien incarcéré depuis mi-novembre, Abdelmadjid Tebboune estime que ce « n’est pas un problème algérien ». « C’est un problème pour ceux qui l’ont créé », souligne-t-il. « D’autres cas de binationaux n’ont pas soulevé autant de solidarité. C’est une affaire scabreuse visant à mobiliser contre l’Algérie. Il est pris en charge par des médecins et sera jugé dans le temps judiciaire imparti. Il peut téléphoner régulièrement à sa femme et à sa fille. »
La France et l’Algérie sont plongées dans une profonde crise diplomatique depuis l’annonce fin juillet par Paris d’un soutien au plan d’autonomie marocain au Sahara occidental, territoire au statut non défini à l’ONU et théâtre d’un conflit depuis un demi-siècle entre le Maroc et les indépendantistes sahraouis du Front Polisario, soutenus par Alger. Les contentieux entre les deux pays ne cessent depuis de ressortir.