Le Dérèglement climatique s’accélère. Partout sur la planète, la faune et la flore souffrent des sécheresses, des inondations et des tempêtes.
La déforestation massive, la bétonisation ou les pesticides décuplent le phénomène.
Comment protéger la nature ? Pour en parler, Sylvia Amicone reçoit cette semaine dans « Impact Positif » Philippe Grandcolas, écologue et biologiste de l’évolution au CNRS.

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Impact positif

Chaque jour, l’humanité déforeste 27 000 hectares, largue 82 mille tonnes de pesticides, bétonne 55 mille hectares et perd 700 000 milliards d’insectes. Philippe Grandcolas, écologue et biologiste de l’évolution au CNRS, fait ce constat dramatique dans son livre « Biodiversité, Fake or not ? » Résultat, le dérèglement s’accélère et la faune et la flore souffrent davantage.

Philippe Grandcolas dirige également l’Institut de systématique, évolution, biodiversité au Museum d’Histoire naturelle. Il évoque les impacts des activités humaines et le rôle de la COP16 biodiversité dans le podcast de celles et ceux qui ont un impact positif sur la société et sur le monde, à écouter ci-dessus. L’émission est diffusée tous les samedis après-midi sur LCI , canal 26 de la TNT. Dans son livre, il répète que c’est bien l’activité humaine qui détruit la nature : « Nous artificialisons sans limites et détruisons les habitats, nous cultivons avec des substances qui tuent les insectes et la vie du sol, nous provoquons assèchements, incendies, températures caniculaires ou inondations à répétition qui détruisent le vivant. Nous faisons circuler des espèces entre les continents qui s’installent aux dépens des espèces locales… »

L’aménagement du territoire joue un rôle très important dans la destruction de la biodiversité et la multiplication des catastrophes climatiques : « Nos modes de vie ont des impacts partout sur la planète et nous seuls, humains, décidons de ce qui peut vivre et ce qui devra disparaître. La couverture végétale contient 60 % de l’eau de pluie. Sa destruction provoque des inondations en cas de pluviosité extrême notamment dans les vallées », insiste Philippe Grandcolas. S’il ne dédouane pas les autorités, les grandes entreprises et les élus, le chercheur rappelle que nous pouvons tous aider la planète à notre niveau : « Nous devons nous mobiliser parce que chaque geste compte. Nous pouvons nous nourrir de fruits et légumes de saison à moindre prix en les achetant à de petits producteurs. Nous pouvons végétaliser nos jardins et espaces communs avec des espèces locales. Nous pouvons enfin nous reconnecter avec la biodiversité. Tous les psychologues affirment que c’est excellent pour la santé mentale. »

Les COP, des évènements indispensables

Les Conférences des Parties (COP) regroupent chaque année les États signataires à la CCNUCC (Convention cadre des Nations unies sur le changement climatique). Celles sur la biodiversité se tiennent tous les deux ans. La 16ᵉ se déroule depuis quelques jours en Colombie . Ces deux semaines de négociation visent à « passer de la parole aux actes », pour Philippe Grandcolas. L’objectif, fixé pour 2030 reste ambitieux : mettre fin à la destruction de la biodiversité, stopper la destruction de leurs terres protectrices et des océans. « Les cops apportent de la visibilité et permettent de se mobiliser par rapport à des avancées insuffisantes. Nous pouvons espérer un accord », estime le chercheur. Il assure que les États prennent la mesure de l’urgence.

Philippe Grandcolas reconnaît qu’il reste beaucoup d’intérêts contradictoires et trop peu de pays réellement investis : « Sur les deux cents pays signataires de la conférence cadre des Nations unies, seuls 34 jouent le jeu ». La France reste ambivalente : « La stratégie française sur la biodiversité a de belles ambitions, mais rien de contraignant. Ces propositions contredisent la stratégie pour l’alimentation et restent démenties par de récentes décisions gouvernementales avec notamment la suspension du plan Écophyto. »

« Nous pouvons y remédier », reprend le chercheur. Mais il se demande si les élus seront à la hauteur : « L’Union européenne s’est dotée de mesures ambitieuses pour restaurer les habitats et protéger davantage. Mais des États membres s’opposent déjà à ces mesures. »


Geoffrey LOPES

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