Lutter contre le gaspillage alimentaire et apporter un complément de revenus aux agriculteurs.
Simon Charmette a cofondé Atypique pour offrir aux professionnels des fruits et légumes moches à moindre coût.
Sylvia Amicone le reçoit cette semaine dans « Impact Positif ».

Suivez la couverture complète

Impact positif

En France, chaque année, les agriculteurs gaspillent 11% de la récolte directement dans les champs. La cause, des fruits et légumes trop petits, mal formés ou présentant des défauts esthétiques. Ce chiffre représente environ 1,3 million de tonnes de produits invendus et un manque à gagner estimé à 2 milliards d’euros.

L’entrepreneur Simon Charmette a cofondé l’agritech Atypique pour lutter contre le gaspillage alimentaire et aider les agriculteurs. Il expose son ambition dans le podcast de celles et ceux qui ont un impact positif sur la société et sur le monde, à écouter ci-dessus. L’émission est diffusée tous les samedis après-midi sur LCI, canal 26 de la TNT. Plusieurs formes de déclassement pénalisent les fruits et légumes : « Certains se retrouvent très légèrement trop petits et on s’en rend à peine compte. J’ai voulu les sauver de la destruction en créant un canal de vente dédié. » Depuis la création de l’entreprise, en mars 2021, Atypique a revendu cinq mille tonnes de fruits et légumes et reversé cinq millions d’euros aux 120 exploitations partenaires.

L’entrepreneur prend conscience que les consommateurs ne se sentent pas prêts à acheter des fruits et légumes moches. Il s’adresse alors aux professionnels : « Des cantines, hôpitaux, Ehpad, etc. Il s’agit de mettre en place un cercle vertueux avec des producteurs qui réussissent à valoriser des produits refusés dans la grande consommation. De 10 à 50% moins chers, ils deviennent plus accessibles pour les professionnels de la restauration. Notre objectif vise à fournir un complément de revenu sur ces invendus aux agriculteurs et à réinjecter sur le marché ces produits à un tarif attractif. » Le grossiste de fruits et légumes déclassés ne travaille qu’avec des produits 100% français et labellisés Bio ou HVE : « Les fruits et légumes moches restent gustativement parfaits », défend-il. Moches, ces fruits et légumes gardent des nutriments équivalents et nous nourrissent de la même façon que les autres.

Nous avons besoin de temps pour sensibiliser le grand public

Simon Charmette

Les parents de Simon Charmette cultivent des terres en Ardèche. L’entrepreneur se souvient que sa famille a toujours eu d’énormes difficultés à vendre certains produits : « Une année, 50% de la récolte de châtaignes s’est retrouvée écartée à cause d’un calibre trop petit ». Il ne s’en remet pas et décide de se dédier à cette tâche : « À horizon 2030, nous voulons sauver 30% du gaspillage alimentaire en France. Nous devrons couvrir l’ensemble du territoire, des stations de ski à la Creuse en passant par le cœur de Paris. »

Mais difficile de proposer ces fruits biscornus ou ces légumes riquiquis directement aux consommateurs : « Nous avons besoin de temps pour sensibiliser le grand public. Les professionnels mettent des oranges ou des kiwis à leur disposition dans les cuisines. » Il y a urgence. Nous mangeons de moins en moins de fruits et légumes. Le prix n’y est pas étranger : un sondage Ifop nous apprend que 45% des 18-30 ans déclarent ne pas avoir les moyens d’acheter les fruits et légumes qu’ils souhaiteraient. Une tendance qui n’étonne pas Simon Charmette : « On a tendance à se tourner vers une alimentation plus rapide. C’est long d’éplucher et de cuisiner… C’est pourtant un sujet de santé publique. » Des programmes de financement prennent en charge des dépenses de fruits et légumes moches proposés par Atypique à destination des enfants. Une bonne idée à renforcer, selon l’entrepreneur.


Geoffrey LOPES

Partager
Exit mobile version