Un restaurant a été attaqué par arme à feu à Poitiers jeudi 31 octobre dans la soirée aux alentours de 22 heures, et cela « s’est achevé par une rixe entre bandes rivales (…) avec toute sorte d’armes », a déclaré vendredi le ministre de l’intérieur, Bruno Retailleau, qui a été informé de cet « événement » cette nuit. Citant un compte rendu du préfet, le ministre a ajouté sur BFM-TV/RMC qu’entre « 400 et 600 personnes » seraient impliquées, sans que l’on sache précisément si cette estimation comprend d’éventuels spectateurs.
Les forces de l’ordre sont intervenues vers 22 h 45, trouvant un premier blessé au sol, touché par balles à la tête. Agé de 15 ans, il a été hospitalisé en état d’urgence absolue, son pronostic vital étant engagé. Selon la même source, deux autres adolescents ont également été blessés, l’un à une épaule, l’autre à une cheville, et ont été pris en charge par les secours. Une dizaine de douilles de calibre 22 ont été retrouvées à terre par les enquêteurs.
Les faits se sont déroulés dans le quartier des Couronneries, où des renforts seront déployés dans la journée, a précisé le préfet de la Vienne dans un message posté sur X vers 4 h 30 du matin, faisant état de cinq victimes au total – les deux dernières, touchées par arme à feu également mais plus légèrement, se sont présentées directement à l’hôpital – et de « tensions entre groupes ».
« Ça a commencé par une fusillade sur un restaurant et ça s’est achevé par une rixe entre bandes rivales qui a engagé plusieurs centaines de personnes. On me parle de 4 à 600 personnes, selon le compte rendu du préfet », a détaillé Bruno Retailleau.
Dans la matinée, l’entourage du ministre a précisé que l’épisode s’était déroulé en plusieurs parties, impliquant plusieurs centaines de personnes dans un premier temps, un peu moins d’une centaine au moment de l’arrivée du préfet sur site. L’entourage du ministre évoque ensuite une « expédition punitive » ayant impliqué entre 50 et 60 personnes.
Selon une source policière citée par l’AFP, 50 à 60 personnes se livrant à des échauffourées étaient présentes sur les lieux à l’arrivée des forces de l’ordre, qui ont alors fait usage de trois grenades lacrymogènes pour les disperser.
« Lors de l’intervention des secours, plusieurs centaines de personnes étaient aux abords et une rixe a débuté, certains jeunes en désignant d’autres comme potentiellement proches de l’auteur présumé », a précisé par la suite le préfet Jean-Marie Girier sur BFM-TV/RMC.
« Point de bascule »
« Il ne faut pas découvrir le problème », a déclaré M. Retailleau, qui a estimé que ces tirs étaient « liés au trafic de drogue ». « Il s’agit de règlement de comptes », a-t-il poursuivi. Le ministre a estimé qu’on était « à un point de bascule », alors qu’il doit se rendre à Rennes où un enfant de 5 ans est entre la vie et la mort après avoir reçu une balle dans la tête samedi, dans le cadre d’un règlement de comptes lié au trafic de drogue.
Dans la nuit, après le signalement d’un potentiel enlèvement, la police est intervenue dans un lieu proche des premiers faits, où une personne semblait retenue par une dizaine d’autres. Extrait de l’attroupement, cette dernière a été entendue par les enquêteurs. Une arme d’épaule et une arme de poing de calibre 22 ont été saisies lors de la perquisition d’un appartement.
Selon le préfet, le quartier concerné, où vivent environ 10 000 habitants, abrite « deux ou trois points de deal qui sont importants et mobilisent beaucoup la police nationale au quotidien » mais il reste « relativement calme » : « Il n’est pas tenu par les dealers même s’il peut y avoir des tensions », a dit M. Girier en appelant les familles « à ne pas laisser des mineurs dans la rue en soirée ».
La maire écologiste de Poitiers, Léonore Moncond’huy, qui s’est rendue aux Couronneries vendredi matin, a évoqué « un épisode inédit » dans l’histoire de cette ville, qui « témoigne d’une évolution assez lourde de la société ». Mme Moncond’huy a également souligné que le quartier avait beaucoup pâti des violences urbaines de l’été 2023 après la mort du jeune Nahel en région parisienne. « On est à côté du commissariat qui n’a pas encore rouvert », a-t-elle mentionné devant la presse, plaidant pour un renforcement des moyens de sécurité sur le terrain.
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Le procureur de la République à Poitiers, Cyril Lacombe, doit s’exprimer sur l’affaire vers 17 heures au tribunal.
Trois personnes blessées par balles à Valence
Devant une discothèque à Saint-Péray (Ardèche), dans la nuit de jeudi 31 octobre à vendredi, trois jeunes âgés de 22 à 24 ans ont également été blessés par balles, selon une source policière citée par l’AFP. Ces tirs, qui seraient aussi liés au trafic de stupéfiants, selon la même source, ont éclaté vers 2 h 30 sur le parking de la discothèque qui organisait jeudi soir une « Halloween party », de 22 heures à 5 h 30.
L’un des blessés, un jeune homme de 22 ans, a été grièvement atteint d’une balle dans la tête et transporté en urgence absolue au centre hospitalier de Valence. Son pronostic vital est engagé, selon la source policière. Les deux autres, plus légèrement atteints, sont une femme de 24 ans, touchée à une jambe, et un homme de 22 ans qui a reçu des éclats de balle, selon France Bleu Drôme Ardèche. Une quinzaine de pompiers sont intervenus dans la nuit pour prendre en charge les blessés.
Selon les premiers éléments de l’enquête, l’auteur des tirs était vêtu de noir et avait le visage dissimulé sous une cagoule. Il a fait feu avec une arme de poing avant de prendre la fuite. Un impact de balle de calibre 9 mm a été retrouvé sur un véhicule.