Dans un lieu tenu secret, un médecin légiste étudie les ossements découverts par des enquêteurs.
Les analyses conduisent à l’identification du défunt, ce qui permet aussi aux familles de faire leur deuil.
Exceptionnellement, une équipe de TF1 a pu suivre leur travail.

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LE WE 20H

Sous les néons de cette salle aseptisée, Le docteur Bernard Marc reçoit d’étonnants paquets. « Ce sont des ossements qui ont été découverts par les enquêteurs, mis sous scellés et pour lesquels on va nous demander l’identification », explique le chef de service de l’unité médico-judiciaire du Grand Hôpital de l’Est francilien dans le reportage de TF1 ci-dessus. C’est un lieu tenu secret où des dizaines d’ossements y sont examinés. Aujourd’hui, ce médecin légiste tente de faire parler ce squelette retrouvé quelques jours plus tôt dans la nature en Seine-et-Marne. Une enquête est en cours. 

Mesurés, comparés, d’abord à l’œil nu. « C’est le crâne d’une personne caucasienne. Il y a des arcades sourcilières qui sont peu développées, un front qui est relativement plat. C’est un crâne d’adulte, mais d’adulte jeune« , observe le médecin. Et avec ce crâne, un élément pourrait tout changer. « On a à l’intérieur des dents, largement conservé, l’ADN de la meilleure qualité. Il suffit d’extraire une dent, couper la racine et on va avoir de l’ADN extrêmement utile « , annonce-t-il.  

La carte d’identité du défunt : l’ADN mitochondrial

C’est au tour des experts de l’ADN d’agir. Dans les locaux de la police scientifique de Marseille, Maxime vient de recevoir un fémur. Un os qui possède un atout : conserver notre ADN, des dizaines, même des centaines d’années plus tard. « C’est très résistant, c’est pour ça que l’on peut avoir des ossements de plusieurs siècles et encore trouver des profils génétiques dessus tout à fait exploitables« , explique Maxime. 

Le prélèvement se fait dans une boîte totalement hermétique. L’expert perce au cœur du fémur pour obtenir cette poudre riche en ADN, si l’os s’est bien conservé. « Par exemple, un os qui est dans l’eau, par l’action du sel qui pourra trop le blanchir et dégrader sa surface et ce qu’il y a dedans. Si c’est un ossement dans un sous-bois, il pourrait, par exemple, être rongé par des animaux« , poursuit le technicien principal de la section de recherche en ADN.  

La poudre d’os renferme un ADN bien particulier, infiniment précieux pour les chercheurs, la carte d’identité du défunt : l’ADN mitochondrial. « Tous les gens de la même lignée maternelle, c’est-à-dire les frères et sœurs d’une même famille, ont le même ADN mitochondrial, ce qui va permettre de pouvoir travailler sur la vérification, que les ossements que nous avons possèdent bien le même profil que celui de la personne recherchée« , explique le docteur Alain Stevanovitch, chef de division adjoint à la section d’identification de la personne.  

Des techniques déterminantes dans des enquêtes récentes

Après trois semaines de travail, les résultats sont enfin là. Voici une comparaison entre deux ADN. L’une en rouge, l’autre en bleu. « Vous constatez que les deux individus n’ont pas les petits traits au même endroit. Cela veut dire qu’ils n’ont pas les mêmes mutations et donc que ces deux ADN mitochondriaux proviennent de deux individus différents et de lignée maternelle différente« , poursuit le chef de division.   

Grâce à cette technique, à partir de cet os, les experts ont pu identifier un général de Napoléon, Charles Etienne Gudin, 207 ans après sa mort. Plus récemment, Maëlys de Araujo, Lucas Tronche, et Émile Soleil, tous ces enfants ont été identifiés grâce à leurs ossements. Mais, ce qu’attendent leurs familles, c’est de comprendre comment ils sont morts. 

« C’est aussi permettre à la famille de pouvoir faire son deuil »

Retour en salle d’autopsie. « Plus on aura d’ossements, plus on aura de réponses. Par exemple, une plaie intrathoracique aura certainement fait une lésion sur l’une des côtes. Un coup de couteau va avoir, bien sûr, pénétré, mais aura aussi touché un bord inférieur ou supérieur de côte. Ce n’est pas le corps de quelqu’un qui a été précipité. On referme des portes« , explique le docteur Bernard Marc. 

Pour ce crâne, les conclusions sont plus évidentes. Une balle tirée à l’arrière de la tête, ressortie par la joue. Des images toujours difficiles à soutenir. Face à chaque squelette, les professionnels s’efforcent de garder un regard humain. « C’est extrêmement important, c’est pour cela qu’on se bat, pour avoir l’identification. C’est aussi permettre à une famille, lorsqu’on aura retrouvé le corps, de pouvoir faire son deuil « , conclut le médecin. 

L’an dernier, rien qu’à Marseille, la police scientifique a travaillé sur les ossements d’une quarantaine de dossiers.  


La rédaction de TF1info | Reportage : M. Bajac, L. Lassalle, D. Salmon, Y. Taoufik.

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