• Une obligation européenne contraint les principaux ports européens à électrifier leurs quais d’ici à 2030, pour alimenter les bateaux amarrés.
  • Mais selon une étude publiée mardi, à cinq ans de l’échéance, seuls quatre ports européens sont dans les temps.
  • À Nice, le maire Christian Estrosi a tenté, en vain, de limiter les escales de paquebots.

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Il y a encore du chemin à faire. C’est la conclusion à laquelle est arrivée l’ONG Transport & Environnement à l’occasion de la publication, ce mardi, d’une étude consacrée à l’électrification des quais des ports européens. L’enjeu est important : faute d’électricité à quai, les navires, et notamment les gros paquebots de croisière, laissent tourner les moteurs à quai, et sont responsables d’une forte pollution de l’air et d’émissions de CO2.

En la matière, les ports européens ont une obligation : d’ici à 2030, les plus grands d’entre eux devront avoir électrifié leurs quais, et d’ici à 2035 pour l’intégralité des ports en Europe. Mais à cinq ans de la première échéance, « seuls quatre ports ont installé ou signé plus de la moitié de l’infrastructure électrique requise d’ici à 2030 pour le branchement à quai des navires » sur les 31 ports européens étudiés par les experts. Il s’agit des ports d’Algésiras (Espagne), Livourne (Italie), Świnoujście (Pologne) et La Valette (Malte).

Les ports européens loin de l’obligation européenne

« Seules 20 % des infrastructures d’alimentation électrique à quai requises par l’UE d’ici à 2030 ont été installées ou mises en service dans ces ports, lit-on encore dans l’étude. Cela signifie que la plupart des porte-conteneurs, des navires de croisière et des ferries continuent de brûler des carburants fossiles lorsqu’ils sont amarrés. »

Côté ports français, le port du Havre n’est pas très bien classé, appartenant à la catégorie des « ports peu performants en termes d’efforts pour répondre » à l’obligation européenne, à côté des ports de Rotterdam, Barcelone, Valence et Bremerhaven. Les ports de Marseille et de Dunkerque n’ont pas répondu aux chercheurs dans les délais impartis, précise T&E. Et celui de Rouen ne figure pas dans le classement car il ne fait pas partie de ceux ayant à ce stade une obligation. 

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Quant aux ports d’Anvers, de Dublin, de Gdansk et de Lisbonne, ils font partie de ceux « qui n’ont pas encore investi dans une infrastructure d’alimentation à quai« .

L’ONG appelle à avancer l’obligation à 2028 pour contraindre les ports à agir plus rapidement, rappelant que plus de 6% des émissions maritimes de CO2 de l’UE proviennent des navires utilisant des combustibles fossiles dans les ports. Côté pollution de l’air, les navires émettent de grandes quantités d’oxydes de soufre (SOx), d’oxydes d’azote (NOx) et de particules dont les effets sur la santé humaine sont avérés.

Transport & Environnement
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« Les riverains continuent de subir la pollution générée par les moteurs des navires au ralenti, car les ports tardent à agir, commente Inesa Ulichina, responsable de la politique maritime chez T&E. La technologie de branchement électrique est pourtant disponible et réduirait du jour au lendemain l’impact du transport maritime sur la pollution atmosphérique locale et sur le climat. »

À Nice, le maire Christian Estrosi avait pris un arrêté pour limiter les escales de paquebots géants. Il avait d’abord interdit en début d’année les plus gros navires de croisière dans la baie de Villefranche-sur-Mer, voisine de Nice, avant d’y renoncer, pour prendre un nouvel arrêté la semaine dernière limitant le nombre de navires de plus de 2.500 passagers à 65 par an à Villefranche et interdisant les escales de bateaux de plus de 450 passagers dans le porte de Nice. Mais dimanche, le tribunal administratif de Nice, saisi par le préfet des Alpes-Maritimes, a suspendu l’arrêté, estimant que le sujet ne relevait pas de la compétence du président de la métropole.

En raison du temps passé à quai, les navires de croisière produisent six fois plus d’émissions portuaires que les porte-conteneurs. Selon T&E, en 2023, le navire de croisière Azura de Carnival, d’une capacité de 3 500 passagers, a ainsi émis 22.800 tonnes de CO2 dans les ports européens. Selon les calculs de l’ONG, un branchement à quai réduirait d’un cinquième ses émissions annuelles.

Marianne ENAULT

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