Vue du détroit de Messine, le 5 août 2025.

Un comité ministériel a donné, mercredi 6 août, son agrément définitif à un projet de 13,5 milliards d’euros visant à construire le plus long pont suspendu au monde, reliant l’île de Sicile au continent, a annoncé un porte-parole.

« Ce sera le pont suspendu le plus long au monde. Une infrastructure de ce genre représente un accélérateur de développement », a déclaré au cours de la réunion le vice-premier ministre et ministre des infrastructures italien, Matteo Salvini, cité par son porte-parole.

Cet agrément pour la construction du pont qui enjambera le détroit de Messine, financé par l’Etat, marque une « page historique » après des décennies de planification.

Avec deux voies ferrées au centre et trois voies de circulation de chaque côté, le pont est conçu avec deux paires de câbles tendus entre deux tours de 400 mètres de haut, avec une portée suspendue de 3 300 mètres, un record mondial.

Les travaux préliminaires pourraient commencer au cours de l’été et la construction devrait débuter l’année prochaine. Prévu pour être achevé d’ici à 2032, le gouvernement affirme qu’il s’agit d’une prouesse technique, capable de résister aux vents violents et aux tremblements de terre, dans une région située à la jonction de deux plaques tectoniques.

Le gouvernement espère qu’il apportera croissance économique et emplois à deux régions italiennes pauvres, la Sicile et la Calabre, M. Salvini promettant que le projet créera des dizaines de milliers d’emplois.

Un projet titanesque qui suscite débats et contestations

Ce plan a cependant suscité des protestations locales, en raison de son impact environnemental et de son prix, cet argent pouvant être, selon les détracteurs, mieux utilisé ailleurs. Certains d’entre eux pensent aussi qu’il ne verra jamais le jour, rappelant la longue histoire des travaux publics annoncés, financés et jamais achevés en Italie.

Newsletter

« A la une »

Chaque matin, parcourez l’essentiel de l’actualité du jour avec les derniers titres du « Monde »

S’inscrire

L’idée de construire un lien entre la Sicile et le continent remonte à la Rome antique et ce projet a connu plusieurs faux départs, les premiers plans ayant été élaborés en 1969. Il a été relancé par le cabinet de la présidente du conseil italien, Giorgia Meloni, en 2023.

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Le pont sur le détroit de Messine sauvé des eaux ?

Le projet a été attribué à Eurolink, un consortium dirigé par WeBuild, un groupe d’infrastructure italien, qui a initialement remporté l’appel d’offres pour la construction du pont en 2006 avant que le projet ne soit annulé en 2013 après la crise de la dette dans la zone euro. WeBuild a construit le pont du détroit des Dardanelles (à Çanakkale), qui est actuellement le plus long pont suspendu, avec une portée principale de 2 023 mètres, ouvert au trafic en 2022, et construit en utilisant le modèle d’ingénierie conçu à l’origine pour le pont de Messine.

Cette fois-ci, Rome a une motivation supplémentaire pour aller de l’avant : elle a classé le coût du pont comme une dépense de défense. L’Italie, criblée de dettes, a accepté, avec d’autres alliés de l’OTAN, d’augmenter massivement ses dépenses de défense pour les porter à 5 % du PIB, à la demande du président américain Donald Trump. Sur ce montant, 1,5 % peut être consacré à des domaines « liés à la défense », tels que la cybersécurité et les infrastructures.

L’Italie affirme que le pont constituerait un corridor stratégique pour les mouvements rapides de troupes et le déploiement d’équipements sur les flancs sud de l’OTAN, le qualifiant d’« infrastructure de renforcement de la sécurité » : la Sicile abrite une installation de l’OTAN, la base aérienne de Sigonella, au nord de la province de Syracuse, à une quinzaine de kilomètres au sud-ouest de Catane.

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Entre la Sicile et la Calabre, le pont qui n’existe pas

Le Monde avec AFP et Bloomberg

Réutiliser ce contenu
Partager
Exit mobile version