Vers l’abolition de la peine de mort : les écrits, dans « Le Monde », de Robert Badinter

Le 10 septembre 1977 s’abat pour la dernière fois en France le couperet de la guillotine. L’exécution de Hamida Djandoubi, reconnu coupable du meurtre d’une jeune femme, relance le débat sur la peine de mort, notamment dans les colonnes du Monde.

Dans une France encore majoritairement favorable au maintien de la peine capitale, Robert Badinter expose avec détermination les arguments sécuritaires, politiques et humanistes qui fondent son engagement abolitionniste. L’étape décisive sera franchie quatre ans plus tard, en 1981 : nommé garde des sceaux par le président socialiste, François Mitterrand, il convainc l’Assemblée de voter l’abandon de la peine de mort.

Dans une série de trois articles, publiés en septembre 1977 dans Le Monde, Robert Badinter défend l’abolition.

Dans le premier article, Robert Badinter s’interroge sur la fonction politique de cette sanction. Il y écrit : « Lorsqu’il s’agit de la peine de mort, la politique devient essentiellement morale. A ce titre, rien n’est plus révélateur que le comportement des hommes de gouvernement au regard de la peine de mort. »

Dans le deuxième article, il analyse la notion de peine de remplacement. « L’abolition apparaît ainsi telle qu’elle est : exigence morale, mais aussi condition nécessaire pour que notre justice s’engage plus avant dans des voies nouvelles. Mais lesquelles ? A cet instant naît le débat sur le vrai problème, celui qu’escamote précisément la controverse interminable sur la peine de mort : faut-il instituer une peine de remplacement au moment de l’abolition ? », se demande-t-il.

Dans le troisième et dernier article, Robert Badinter explique pourquoi l’abolition de la peine de mort est inévitable. « Que voulons-nous donc symboliser par la guillotine ? La toute-puissance de notre justice ? Mais, en justice, la toute-puissance ne peut être que l’apanage de l’infaillibilité. Une justice faillible qui donne la mort usurpe les traits de la justice divine. Symbole de la toute-puissance de l’Etat sur le citoyen ? (…)  Au nom de quelle fiction l’Etat républicain et laïque s’arroge-t-il ce pouvoir absolu de vie et de mort, et, plus absurdement encore, en délègue-t-il l’exercice sans recours à un homme élu pour quelques années, qui conserve en ce seul domaine les pouvoirs de Louis XIV ? »

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