Une patiente française séropositive est en rémission après une greffe de moelle osseuse, a indiqué l’Assistance publique des hôpitaux de Marseille.
Si les résultats sont consolidés, il s’agirait d’une première en France.
Mais plusieurs cas similaires ont déjà été rapportés ces dernières années dans le monde.

Une première dans l’Hexagone ? 42 ans après la découverte du virus responsable du sida en 1983 à l’Institut Pasteur, une patiente française séropositive est en rémission, a indiqué vendredi l’Assistance publique des hôpitaux de Marseille (AP-HM). Âgée d’une soixantaine d’années et diagnostiquée en 1999, cette dernière avait « développé en 2020 une leucémie myéloïde aiguë », et avait bénéficié en juillet 2020 d’une allogreffe de moelle osseuse de la part d’un donneur qui « présentait une mutation génétique rare (Delta 32) sur le gène CCR5, empêchant le VIH de pénétrer dans les cellules », détaillent dans un communiqué les hôpitaux publics marseillais. 

Après cette allogreffe, qui a permis de traiter la leucémie, « la patiente a poursuivi son traitement antirétroviral pendant trois ans », jusqu’en octobre 2023, précise l’AP-HM. Des examens virologiques « plus poussés » ont été effectués, notamment « des tests ultrasensibles de charge virale », des « tests de culture virale » et « une recherche d’ADN pro-viral correspondant au réservoir possible de virus » encore présent dans l’organisme de la patiente, et « tous ces tests se sont avérés négatifs », a détaillé l’AP-HM.

De quoi parle-t-on ?

Ce type de rémission, avec une absence de marqueurs virologiques détectables sur plusieurs années, appelé « rémission fonctionnelle », est l’une des principales pistes de recherche dans la lutte contre le sida. Il ne s’agit cependant pas d’une guérison, car « on ne peut pas être sûre à 100% que le virus a été éradiqué de l’organisme », détaille Sidaction.org sur son site. « L’obstacle majeur à la guérison du VIH ou Cure est la présence de réservoirs viraux dans l’organisme, qui peuvent à tout moment se réactiver, produire de nouveaux virus et relancer l’infection », peut-on encore lire sur le site de Sidaction, qui précise que « pour pouvoir parler d’une guérison définitive, l’idéal serait d’éradiquer le virus et d’éliminer toutes les cellules infectées – qui comprennent celles produisant activement du virus et celles composant le réservoir. »

Et de poursuivre : « la procédure de préparation à la greffe consiste à éliminer toutes les cellules dans le sang et la moelle afin de pouvoir les remplacer par celles du donneur. Cette procédure entraine également l’élimination des cellules infectées par le VIH, ce qui conduit à la disparition des marqueurs de présence du virus. Pour autant, dans certains cas, cela ne dure qu’un temps. »

À noter qu’une dernière catégorie réunit des patients rarissimes (moins de 1%). Appelés « contrôleurs naturels », ils peuvent empêcher le VIH de se développer sans jamais avoir pris de traitement, pour des raisons encore mystérieuses.

Quels précédents ?

Les rémissions sont rares. Les hôpitaux publics marseillais rappellent que sept cas similaires avec une allogreffe de moelle osseuse avaient jusque-là été « rapportés dans le monde » et que pour six d’entre eux, « le donneur était porteur de la mutation Delta 32 sur le récepteur CCR5 », connue pour protéger naturellement du VIH.

Timothy Ray Brown, le premier « patient de Berlin », a été la première personne déclarée guérie du VIH en 2008. Il est mort d’un cancer en 2020. Adam Castillejo, 44 ans, également connu sous le nom de « patient de Londres », compte également parmi ces rares personnes au monde considérées comme ayant été effectivement guéries après avoir reçu une greffe de cellules souches.

Suivent, la « patiente de New York », et Paul Elmonds dit « le patient de City of Hope ». Comme ces derniers, Marc Franke, 55 ans, « le patient de Düsseldorf », a également subi une batterie d’examens pour s’assurer que le traitement fonctionnait.  À Genève, en Suisse, le cas d’un homme qui vivait avec le VIH depuis 1990 a été rapporté comme le sixième cas de patient en rémission après une greffe de moelle osseuse.

En juillet dernier, des médecins ont fait état d’un nouveau cas probable de guérison du VIH : un Allemand de 60 ans n’a plus aucune trace du virus dans son organisme. Surnommé « le nouveau patient de Berlin », il a reçu une greffe de moelle osseuse pour sa leucémie en 2015 et a arrêté de prendre des antirétroviraux fin 2018. Ce possible huitième cas rapporté le 17 janvier 2025, à Marseille, est le donc le premier en France. 


Audrey LE GUELLEC avec AFP

Partager
Exit mobile version