L’incertitude politique, née de la dissolution de l’Assemblée nationale, a fragilisé la position de la France à un moment critique pour la sécurité européenne. A propos de la guerre en Ukraine ou de l’avenir de la défense européenne, certains parmi nos voisins se demandent s’il est encore raisonnable de compter sur la France. Il est temps non seulement de répondre à cette inquiétude, mais aussi de relancer les dynamiques interrompues. Au cœur de la stratégie française en Europe, un tournant récent mais fondamental a eu lieu ces deux dernières années : le pivot vers le flanc est.

Lors de son discours de Bratislava, en mai 2023, le président de la République, Emmanuel Macron, a enclenché le mouvement en reconnaissant que la France aurait dû davantage écouter les pays d’Europe centrale et orientale, qui s’étaient les premiers inquiétés de la menace russe. Depuis, notre pays a affiché des positions de plus en plus proches de la ligne de fermeté vis-à-vis de Moscou prônée par les représentants du flanc est, que ce soit sur l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN ou sur l’idée que l’envoi de troupes en Ukraine ne devait pas être tabou.

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On aurait tort de voir dans ce rapprochement une parenthèse ou une lubie du président. Il découle d’une transformation de notre environnement stratégique, où la combinaison de la guerre d’Ukraine et de l’effondrement de nos missions traditionnelles en Afrique nous incite à un recentrage sur le cœur de notre sécurité, c’est-à-dire la défense de l’Europe.

Le partenariat naissant entre la France et le flanc est est aussi une chance pour l’Europe. Il fait converger deux visions longtemps opposées, mais en réalité très complémentaires. Si les pays du flanc est ont été les plus lucides sur le risque d’agression russe, les Français ont été les premiers à avertir qu’il était dangereux de s’en remettre uniquement aux Etats-Unis pour protéger l’Europe. Cette double clairvoyance doit être le socle du débat européen.

Le carrefour des tensions

Depuis 2023, chacun a fait un pas vers l’autre : pour montrer qu’elle prend au sérieux l’OTAN et sa mission de défense du territoire européen, la France revendique désormais l’idée de constituer un « pilier européen de l’OTAN ». De leur côté, les Européens du flanc est sont de plus en plus ouverts à l’idée de confier un rôle de premier plan à l’Union européenne (UE), en particulier en matière de financement des capacités militaires, à l’image de l’ex-première ministre estonienne, Kaja Kallas, désignée haute représentante de l’UE. Autrement dit, le rapprochement franco-oriental pourrait devenir la clé de voûte d’une stratégie européenne plus cohérente et ambitieuse.

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