Il faut revenir exactement quarante ans en arrière pour voir Cédric Klapisch débarquer de Paris au Festival de Cannes, flanqué de quatre amis. La nuit venue, ni Majestic ni Martinez : c’est chez ses grands-parents, à Antibes (Alpes-Maritimes), que la troupe est hébergée. « Le premier jour, ayant pu retirer nos accréditations mais n’ayant pu obtenir de places pour la projection du soir de la Sélection officielle, nous avions regardé, perdus parmi les centaines de badauds amassés au pied du grand escalier du Palais, ces êtres magnifiques, en papier glacé, qui montaient les marches tapissées de rouge », décrit Santiago Amigorena, ami de lycée et membre de cette échappée cannoise de 1985, dans Le Festival de Cannes ou Le Temps perdu, récit qui vient de paraître chez P.O.L.
Depuis, Cédric Klapisch, 63 ans, a vu des dizaines de films à Cannes et, en gai noceur, navigué de cocktails en soirées. Mais ce n’est qu’à la mi-avril qu’il a appris ce qui, malgré un CV alignant style personnel, succès publics et castings cinq étoiles, n’était jamais advenu : sa sélection au Festival. « Je dois bien reconnaître que je ne faisais pas partie du club, dit le cinéaste après une journée à parfaire l’étalonnage de La Venue de l’avenir, qui lui vaut d’être retenu hors compétition. Peut-être parce qu’à Cannes, les autres réalisateurs sont plus sérieux que moi qui ai gardé un pied dans l’enfance… En tout cas, je n’en garde pas d’aigreur. »
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